L'agitation devrait continuer de secouer le secteur forestier de l'Est du Canada en 2007, à la suite d'une année marquée par des milliers de pertes d'emploi et la fermeture de douzaines d'usines et de scieries.

L'agitation devrait continuer de secouer le secteur forestier de l'Est du Canada en 2007, à la suite d'une année marquée par des milliers de pertes d'emploi et la fermeture de douzaines d'usines et de scieries.

La vigueur du dollar canadien, la hausse des coûts de l'énergie, la baisse des prix du bois d'oeuvre, la déprime du marché américain de l'habitation de même que la chute des coupes de bois ont toutes exercé un impact sur l'industrie et demeureront pour elle des défis à relever.

Les spécialistes du secteur forestier affirment que les pertes d'emploi et les fermetures vont vraisemblablement se poursuivre en 2007, mais à un rythme moins élevé, plusieurs des usines à coûts d'opération élevés étant déjà fermées. Ils prédisent également une industrie plus modeste.

L'année à venir sera difficile, mais l'industrie a déjà atteint le fond du baril, estime Frank Dottori, ancien président et chef de la direction de Tembec.

«Le beau temps va revenir, mais il y a des victimes quand on frappe une tempête», a indiqué M. Dottori, qui a pris sa retraite en janvier dernier, après avoir dirigé pendant quelque 30 ans l'entreprise dont il a contribué à la fondation en 1973.

«Des gens vont se retirer des affaires. Une industrie plus petite, plus efficace sera en place une fois que tout ça sera terminé», a-t-il dit.

Depuis janvier 2003, il y a eu plus de 10 000 mises à pied au Québec et en Ontario, et près de 2000 autres dans les provinces de l'Atlantique.

Le principal problème de l'Est du Canada est le prix du mètre cube de bois livré aux scieries, le plus élevé au monde, a indiqué M. Dottori.

«Je crois que les gouvernements vont devoir faire face à la question du prix du bois et réfléchir sérieusement à la valeur du bois sur pied et à toutes les réglementations», a-t-il dit.

L'Ontario a adopté des mesures positives en ce qui concerne les formalités administratives, les coûts de construction des routes ainsi que la rationalisation de l'industrie, tandis que le Québec traîne de l'arrière, affirme M. Dottori.

La différence de coûts entre l'Ontario et le Québec est de près de 10 $ le mètre cube, a-t-il observé.

Au Québec, l'industrie paye un prix du bois sur pied élevé compte tenu de la qualité du bois, et la province ne compte des pratiques de foresterie durables que depuis 20 ans, a-t-il affirmé. Le gouvernement provincial a en outre imposé des restrictions quant à la quantité de bois pouvant être coupé.

L'analyste Don Roberts croit également que les fermetures de scierie et les mises à pied vont se poursuivre en 2007, mais à un rythme moins élevé.

«L'industrie va tout simplement continuer de rapetisser jusqu'à ce qui reste soit économique», a indiqué M. Roberts, de Marchés mondiaux CIBC.

«À court terme, la plupart d'entre eux devront espérer un dollar canadien faible», a-t-il dit, ajoutant s'attendre à ce que la valeur du huard oscille autour des 89 cents US en 2007.

Le ralentissement du marché américain de l'habitation constituera un facteur important, estime également le spécialiste.

Pour sa part, le président de l'Association des produits forestiers du Canada, Avrim Lazar, affirme que l'industrie «commence à voir la lumière au bout du tunnel».

Il reconnaît cependant que les ennuis ne sont pas chose du passé.

«Il est difficile de dire où est le plus dur, mais le processus de restructuration et de rationalisation ne va pas arrêter», a-t-il dit.