La Banque du Canada pourrait émettre aujourd'hui (mardi) son signal le plus fort qu'elle est prête à majorer les taux d'intérêt pour ralentir l'inflation tandis que l'économie profite du boom dans le secteur des produits de base, soutiennent des économistes.

La Banque du Canada pourrait émettre aujourd'hui (mardi) son signal le plus fort qu'elle est prête à majorer les taux d'intérêt pour ralentir l'inflation tandis que l'économie profite du boom dans le secteur des produits de base, soutiennent des économistes.

La banque centrale canadienne ne haussera probablement pas ses taux lors de sa réunion d'aujourd'hui (mardi), mais elle pourrait modifier sa formulation dans sa déclaration pour indiquer que des majorations de taux se pointent à l'horizon, peut-être même dès juillet.

Toute formulation «relative à l'inflation sera examinée de très près», explique Andrew Gretzinger, économiste de MFC Global Investment Management, à Toronto.

«Je ne crois pas que l'on puisse écarter la possibilité d'une augmentation des taux cette année», ajoute-t-il.

Le Canada profite des prix plus élevés du pétrole et d'autres produits de base qui ont propulsé les dépenses de consommation et les prix des maisons à des niveaux records, ce qui menace de provoquer une poussée inflationniste.

Les taux d'intérêt vont demeurer inchangés pour l'instant parce que la hausse du huard à un sommet de 30 ans a freiné les exportations et abaissé les prix des biens importés, signalent les économistes.

La devise «fait une partie du boulot que des taux d'intérêt plus élevés accompliraient», indique Geoffrey Somes, économiste principal de State Street Global Advisors, à Boston.

«Cela pourrait contribuer à garder l'économie un peu plus en équilibre et à faire en sorte que les pressions inflationnistes ne soient pas trop fortes», ajoute-t-il.

Le taux directeur de la Banque du Canada demeurera aujourd'hui à 4,25%, niveau où il se situe depuis un an, selon les 20 économistes sondés par Bloomberg la semaine dernière.

Six économistes ont prédit que les taux vont augmenter cette année et l'un d'eux prévoit même deux hausses. Les transactions sur les contrats à terme montrent que les investisseurs font le pari que les taux d'intérêt augmenteront, ce qui mettrait fin à la plus longue pause dans les changements de taux depuis 1973.

Les responsables de la Banque du Canada prendront les prochaines décisions à cet égard le 10 juillet et le 5 septembre.

Crainte

Vendredi dernier, le huard a atteint un sommet de 30 ans, à 92,79 cents US, et il s'échangeait hier à 92,57 cents US.

Le dollar canadien s'est apprécié de près de 8% cette année, et il offre ainsi la performance qui vient au sixième rang par rapport au dollar américain parmi les meilleures des 72 devises suivies par Bloomberg.

Les manufacturiers ont demandé à la Banque du Canada de ne plus hausser les taux d'intérêt encore davantage après que les décideurs les eurent majorés sept fois de suite entre septembre 2005 et mai 2006.

Une nouvelle majoration maintenant ferait grimper le dollar canadien et affecterait les exportations vers les États-Unis, exportations qui forment le tiers de l'économie canadienne, avance Sherry Cooper, économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, à Toronto.

Vendredi dernier, le taux de rendement des contrats à terme sur les acceptations bancaires de décembre se situait à 4,71% à la Bourse de Montréal, comparativement à 4% à la mi-mars.

Par ailleurs, la différence entre les taux de rendement de l'obligation canadienne de deux ans et le titre correspondant aux États-Unis s'est amenuisée le plus en deux ans jeudi dernier, les investisseurs ayant alors prédit des taux d'intérêt plus élevés au Canada.