Vache folle, grippe aviaire, virus du Nil occidental: les maladies qui frappent les animaux donnent des cauchemars aux producteurs agroalimentaires et aux responsables de la santé publique. Pour d'autres, cependant, ces crises représentent des occasions d'affaires. Et aux États-Unis, les fonds privés commencent à s'y intéresser.

Vache folle, grippe aviaire, virus du Nil occidental: les maladies qui frappent les animaux donnent des cauchemars aux producteurs agroalimentaires et aux responsables de la santé publique. Pour d'autres, cependant, ces crises représentent des occasions d'affaires. Et aux États-Unis, les fonds privés commencent à s'y intéresser.

Quand Laboratoire M2 a développé son modèle d'affaires, il y a quelques années, la crise de la grippe aviaire n'avait pas encore éclaté. Pourtant, le nom de cette maladie se retrouve aujourd'hui en grosses lettres sur le dépliant publicitaire de la petite entreprise de Sherbrooke.

"On a vu les événements de la grippe aviaire arriver avec le sourire, avoue François Daigle, microbiologiste et responsable de la recherche et développement chez Laboratoire M2. C'était en plein dans la foulée de ce qu'on cherchait à prévenir."

L'entreprise a mis sur pied un véritable laboratoire ambulant pour aider les agriculteurs à faire face aux maladies susceptibles de décimer leurs troupeaux. De ferme en ferme, un camion bourré d'équipements de recherche se déplace pour conseiller les producteurs, identifier les problèmes ou désinfecter les installations.

L'entreprise a présenté son labo sur roues dans le cadre de la conférence internationale InnoVet qui se déroulait hier à Saint-Hyacinthe. Si l'édition 2006 était intitulée "Maladies émergentes, défis et opportunités pour l'industrie animale", Laboratoire M2 se situe nettement du côté des occasions. Elle n'est pas la seule.

Des crises comme celle de la vache folle, où 11 millions de bêtes ont dû être abattues et brûlées parce qu'on était incapable de dire si elles étaient infectées ou non, ont fait réfléchir. Que ce soit pour la prévention, l'identification ou le développement de vaccin, ce genre d'événement peut se transformer en mesure d'incitation à la recherche.

On ne peut pas dire, pourtant, que l'argent coule à flots dans le secteur. "Il y a trois ans à peine, les fonds d'investissements privés étaient absents du domaine de la santé animale. Mais ça commence à changer", a dit hier Ronald Brakke, de Brakke Consulting, une firme du Texas qui conseille les entreprises du secteur de la santé animale.

Selon lui, on pourrait voir un véritable engouement pour les capitaux privés en santé animale dans un avenir rapproché, comparable à celui qu'on connaît actuellement pour l'éthanol et les biodiésels. "Pour l'instant, les montants ne sont pas faramineux. Mais je vous prédis qu'aussitôt qu'un ou deux de ces investissements se transformeront en succès, les autres vont se joindre à la fête", a-t-il dit à La Presse Affaires en marge de la conférence.

Qui fera de l'argent avec ce qu'on appelle "les maladies animales émergentes", et comment? Difficile à dire. Aucun portrait quantitatif du marché n'a été dressé hier. Mais des petites entreprises, comme Laboratoire M2, aux géants, comme Pfizer, en passant par le Centre québécois de valorisation des biotechnologies, dont la mission est de stimuler l'industrie des biotechnologies québécoises, tous ont prêté une oreille attentive aux propos de Corrie Brown, représentante de l'Organisation mondiale en santé animale et professeure à l'Université de Géorgie.

"La question n'est pas de savoir s'il y aura de nouvelles maladies émergentes, mais de voir quand elles éclateront", a dit Mme Brown, soulignant que plus de 800 millions de poulets, dindes et canards traversent les frontières chaque année dans le monde, et que l'élevage industriel, de plus en plus répandu, favorise l'émergence des maladies.

D'autres, comme Maple Leaf ou les rôtisseries St-Hubert, sont venus témoigner de l'importance d'investir en recherche. Lorsque Jean-Pierre Léger, président et chef de la direction des rôtisseries St-Hubert, a expliqué que la chaîne de restauration a instauré un code d'alerte - jaune, orange, rouge - dans la foulée de la grippe aviaire, on comprend qu'elle a eu chaud. "On a choisi d'être proactif", a expliqué M. Léger en dévoilant le vaste plan mis en place pour resserrer les normes de sécurité et rassurer le public.