Sept anciens directeurs de l'usine Ferodo-Valéo à Condé-sur-Noireau (Calvados), spécialisée dans la transformation de l'amiante, sont convoqués mardi par les juges d'instruction parisiens en charge de cette affaire à l'origine d'au moins deux décès.

Sept anciens directeurs de l'usine Ferodo-Valéo à Condé-sur-Noireau (Calvados), spécialisée dans la transformation de l'amiante, sont convoqués mardi par les juges d'instruction parisiens en charge de cette affaire à l'origine d'au moins deux décès.

Ces sept hommes, qui étaient en fonction entre 1952 et 1997 chez Ferodo, devenu Valéo en 1981, pourraient être mis en examen pour "blessures et homicides involontaires" et "non-assistance à personne en danger" par les juges Marie-Odile Bertella-Geffroy et Didier Peltier du pôle santé publique de Paris, a-t-on appris vendredi de sources proches du dossier.

Des proches de deux salariés de Ferodo-Valéo dont le décès est lié à l'exposition à l'amiante selon des expertises, ont déposé plainte en 1996 et se sont constitués partie civile un an plus tard. Le cas d'une troisième victime reste soumise à une contre-expertise.

Sept autres anciens salariés souffrant de maladies liées à ce matériau ont également déposé plainte tout comme l'antenne locale de l'Andeva, l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante et la Fnath (handicapés, "accidentés de la vie").

L'usine Ferodo-Valéo fabriquait notamment des freins et des systèmes d'embrayage pour l'industrie automobile.

Pour les parties civiles et les associations, Condé-sur-Noireau est emblématique des ravages sur la santé causés par l'amiante. Cette commune de 6.200 habitants du Calvados est située dans la Vallée de la Vère baptisée localement "la vallée de la mort". Plusieurs usines de transformation du matériau s'y sont implantées dès la fin du 19e siècle.

Dans les années 1970, près de 3.000 personnes y travaillaient. En octobre 2005, un monument dédié aux victimes de l'amiante, le premier en France, a été inauguré à Condé-sur-Noireau.

Près de 1.500 personnes de cette région ont été indemnisées par les tribunaux des affaires de sécurité sociale (TASS), selon l'Andeva.

Pour Me Michel Ledoux, avocat de l'Andeva interrogé par l'AFP "le travail des enquêteurs commence enfin à porter ses fruits".

"C'est la manifestation tangible que les dossiers pénaux avancent enfin et que les responsables de la plus grande catastrophe sanitaire qu'on ait jamais connu vont devoir rendre des comptes devant un tribunal correctionnel", a également réagi François Desriaux, président de l'Andeva qui regrette que cette affaire soit "restée bloquée dix ans à Caen".

L'amiante cause quelque 3.000 décès par an en France et pourrait faire 100.000 morts d'ici 2025, selon les prévisions les plus pessimistes de santé publique.

Avec la centralisation à Paris en 2005 de 23 procédures pénales liées à l'utilisation de l'amiante un peu partout en France, plus de 30 affaires sont actuellement en cours d'instruction au pôle de santé publique du tribunal de Paris concernant les dégâts provoqués par ce matériau, dont celle du campus de Jussieu.

ben/mck/gmo