Ils s'appellent Crétier, Sabia, Péladeau, Desmarais. Ils dirigent les plus grosses entreprises québécoises inscrites en Bourse. Et empochent parfois en quelques heures ce que leurs employés mettront un an à gagner.

Ils s'appellent Crétier, Sabia, Péladeau, Desmarais. Ils dirigent les plus grosses entreprises québécoises inscrites en Bourse. Et empochent parfois en quelques heures ce que leurs employés mettront un an à gagner.

Les plus grands PDG du Québec méritent-ils leur salaire? La Presse Affaires a décortiqué leur chèque de paie, mais aussi leur travail. Et présente son palmarès annuel rémunération en fonction du rendement.

«Je suis sûr que je suis un bon bargain.» Voilà la première chose qu'a lancée Stéphan Crétier lorsqu'il a appris que La Presse Affaires dressait un palmarès de la rémunération des PDG en fonction de leur performance.

Le président de Garda a vu juste. Selon nos critères, il est le chef d'entreprise qui mérite le plus son salaire. M. Crétier devance cette année l'épicier Pierre H. Lessard, de Métro [[|ticker sym='T.MRU.A'|]], et son collègue de Couche-Tard [[|ticker sym='T.ATD.B'|]], Alain Bouchard.

Leur podium, ces messieurs les doivent à plusieurs facteurs. La Presse Affaires s'est évidemment penchée sur l'argent qu'ils touchent — salaire, bonis, actions, options et toutes autres formes de récompenses qui leur permettent de gagner leur vie. Mais elle a aussi examiné comment ils mènent leur barque.

La performance de leur entreprise à la Bourse a été évaluée et comparée à leurs concurrents sur un an et sur trois ans. La taille des sociétés a aussi été considérée –avec 68 000 employés sous ses ordres, le président d'Alcan n'affronte pas les mêmes défis que celui des Industries Dorel, qui en comptent 4500.

Analyse faite, un constat se dégage: si la firme de sécurité Garda [[|ticker sym='T.GW'|]] a été gourmande au cours des dernières années en avalant pas moins de 16 entreprises depuis 2005, Stéphan Crétier, lui, l'a été beaucoup moins.

Sur trois ans, Garda présente un rendement de 476% supérieur à celui des autres entreprises de son secteur. Un investisseur qui y aurait placé 100$ au début de l'exercice financier de 2004 se serait retrouvé avec 777$ dans les poches trois ans plus tard.

C'est, de loin, le rendement le plus spectaculaire de toutes les entreprises considérées dans notre classement. En ajoutant à ce tableau le rendement sur un an et la taille de l'entreprise, notre grille d'analyse nous conduit à accorder 4,5 étoiles (sur 5) à Garda pour sa performance.

Pour orchestrer cette croissance, Stéphan Crétier a touché un peu plus d'un million en rémunération l'an dernier — un montant très raisonnable si on la compare avec ceux empochés par ses collègues.

«Je crois qu'il y a une culture d'entreprise ici qui est très axée sur l'idée de créer de la valeur plutôt que de jouer sur l'aspect des salaires, a commenté le principal intéressé. Ça se reflète partout dans le management ici. Les salaires sont beaucoup plus bas que l'industrie.»

«Peut-être que je me suis davantage occupé de mes actionnaires que de moi-même», lance ensuite le président en prenant conscience de sa première place au classement. Une augmentation de salaire en vue?

«Je fais affaire avec le comité de rémunération dans lequel j'ai pleinement confiance, répond-il. Est-ce qu'il y aura des augmentations? Probablement. Mais l'objectif est de créer de la valeur, et c'est le message que je veux lancer à tout le monde en tant que leader.»

M. Crétier promet de maintenir et même d'accélérer le rythme de croissance de Garda. La firme, qui offre des services d'enquêtes, de protection physique et de transport de marchandises précieuses, vise la clientèle payante.

«On ne veut pas faire des chantiers de construction. On veut faire le Fortune 500, les compagnies pétrolières, les contrats militaires aux États-Unis, les grosses corporations. On veut des gens qui sont prêts à payer pour de la qualité.»

L'argent et le bronze dans l'alimentation

En deuxième place du classement se retrouve celui qui occupait le troisième rang un an plus tôt: le président de Métro, Pierre H. Lessard. Il a fait éviter le pire à son entreprise l'an dernier, conduisant Métro à un rendement de 0,5% dans un secteur qui a décliné de 9,2%. Pour ça, il a touché 1,6 M$.

Ce sont surtout les bonnes performances des années passées (de 60,6% supérieures à l'industrie sur trois ans) qui permettent à M. Lessard de se hisser en haut de classement.

Une ombre au tableau, cependant: l'homme détient un magot potentiel de plus de 27 M$ en options non exercées, une somme qui n'est pas comptabilisée dans la rémunération puisque cette valeur n'a pas été effectivement encaissée.

Le troisième homme sur le podium connaît aussi les trésors cachés. Alain Bouchard, de Couche-Tard, détient des options non exercées dont la valeur atteint 66 M$.

M. Bouchard a touché 5,75 M$ en rémunération l'an dernier, une somme relativement importante. Mais avec un rendement de 56% sur un an et un écart de 205% sur ses concurrents en trois ans, il a su en faire profiter ses actionnaires.

Un coup d'oeil à la liste des dirigeants du peloton de tête permet aussi de dénicher des PDG fort raisonnables. C'est le cas de Jean Coutu père, qui a touché 405 000$ l'an dernier, et de Michael E. Roach, de CGI, dont la rémunération atteint 748 000$. Mais avec des rendements inférieurs à ceux de leur secteur d'activité, ils n'ont pu se hisser aux premiers rangs du classement.

Le palmarès de La Presse Affaires

Qui:

Les PDG des entreprises inscrites en Bourse dont le siège social est au Québec et dont la capitalisation boursière dépasse 700 M$.

Comment:

En calculant les salaires, bonis et octrois d'actions reçus par les PDG lors du dernier exercice financier. Les options d'achat d'actions ont été comptabilisées au moment où elles étaient exercées. Pour éviter l'effet de montagnes russes salariales, nous avons fait une moyenne des options exercées sur trois ans.

Pour ce qui est du rendement, nous avons évalué la performance du titre en Bourse et l'avons comparé au secteur d'activité de l'entreprise sur un an et sur trois ans. La taille de l'entreprise a aussi été prise en compte.