Le Vietnam doit rejoindre mardi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) lors d'un vote des pays membres à Genève, une étape majeure dans son intégration internationale qui consacre vingt ans de profondes réformes pour ce pays devenu une puissance économique régionale.

Le Vietnam doit rejoindre mardi l'Organisation mondiale du commerce (OMC) lors d'un vote des pays membres à Genève, une étape majeure dans son intégration internationale qui consacre vingt ans de profondes réformes pour ce pays devenu une puissance économique régionale.

Les 149 pays membres de l'OMC réunis en conseil général doivent, sauf coup de théâtre, admettre le pays communiste comme leur pair mardi. L'Assemblée nationale devra ensuite ratifier le document, ce qui pourrait intervenir avant la fin du mois.

Trente jours après cette ratification, l'un des derniers pays du monde à se revendiquer marxiste-léniniste adoptera les règles internationales du libre-échange.

Pour Hanoï, qui a initié la politique du "Doi Moi" (Renouveau) en 1986 et déposé sa candidature pour le temple du commerce mondial en 1995, c'est l'espoir d'une nouvelle ère qui commence.

"L'accession à l'OMC, c'est un feu vert de la communauté internationale aux yeux des investisseurs et des hommes d'affaires", estime Carl Thayer, expert du Vietnam à l'Australian Defence Force Academy de Canberra.

"L'environnement commercial sera désormais sujet à des règles internationales connues de tous. Le pays devient une destination sûre pour les investissements".

Les deux dernières années auront été les plus difficiles pour un pays forcé de négocier page par page avec ses partenaires, dont les Etats-Unis, des concessions sur l'ouverture de son marché intérieur et le renoncement à des subventions dans de nombreux secteurs.

Le pays a aussi voté des dizaines de lois pour se rapprocher des normes internationales, en particulier en matière de respect de la propriété intellectuelle, de procédures administratives et de régime fiscal.

"C'est très excitant pour les Vietnamiens de finalement rejoindre l'OMC après cette très longue période de négociations et de réformes", relève Jonathan Pincus, chef économiste du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Hanoï.

"Le Vietnam prend véritablement place aux côtés de ses voisins comme une économie porteuse d'immenses espoirs".

Le pays communiste a fait du chemin depuis 1986. Le Vietnam, qui importait riz et café, est devenu le deuxième producteur mondial de ces deux denrées.

Il est un exportateur de textile important, s'est doté d'un tissu industriel, suscite la convoitise des géants mondiaux de l'industrie de pointe et concurrence ses voisins en terme d'investissements étrangers.

"La vitesse de transformation du Vietnam augmente au delà de nos espérances les plus optimistes", écrivait tout récemment la banque Merill Lynch, l'un des meilleurs avocats du Vietnam depuis un an ou deux.

Cette vague d'enthousiasme ne dissimule toutefois pas certaines craintes.

L'OMC représente autant de défis que de chances. La masse d'entreprises publiques encore endormies dans la torpeur de l'économie planifiée va souffrir de la concurrence. Des usines vont fermer, d'autres vont se créer.

"Le plus gros défi pour le Vietnam est de respecter ses engagements", assure l'économiste Le Dang Doanh. "Les entreprises vietnamiennes doivent apprendre à conserver leurs parts de marché, sinon elles feront faillite, les ouvriers perdront leur emploi et la paix sociale sera menacée".

Mais l'atmosphère est, en apparence au moins, plus à la fierté qu'à la crainte.

Le pays doit obtenir son visa pour l'OMC juste avant d'accueillir le sommet du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec), où sont attendus 21 chefs d'Etat et de gouvernement dont ceux de Chine, de Russie, du Japon et des Etats-Unis.

"Le Vietnam est friand de prestige international", relève Carl Thayer. "L'entrée dans l'OMC ajoute de l'éclat à un moment où les regards du monde entier vont se tourner vers lui".

bur-dla/pt