Groupe Sélection et son responsable de la restructuration sont toujours aux antipodes sur la manière dont il faut redresser le promoteur immobilier et exploitant de résidences pour aînés (RPA) insolvable. La mésentente concerne cette fois l’immense projet Espace Montmorency.

Le contrôleur Christian Bourque, de PwC, se présentera ce vendredi devant le juge de la Cour supérieure du Québec Michel Pinsonnault, qui supervise les procédures qui se déroulent en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Il entend demander le feu vert du magistrat pour conclure une transaction qui permettra au Fonds de solidarité FTQ de racheter la participation de Sélection dans le complexe multiusage situé à Laval.

Dans son plus récent rapport, le représentant des banquiers estime que la filiale immobilière du fonds de travailleurs est l’« acheteur naturel » pour Sélection. L’entreprise voit les choses d’un autre œil.

Rien ne sert d’aller aussi rapidement, estime le géant des RPA, puisqu’un nouveau financement intérimaire garantit la poursuite de ses activités au moins jusqu’à la mi-juin. L’entreprise s’explique mal pourquoi PwC opte pour une entente de gré à gré dans le cas d’Espace Montmorency, alors que l’objectif est d’obtenir le meilleur prix possible pour sa participation dans le projet.

« Ce n’est malheureusement pas le cas de la transaction, souligne Sélection, dans une déclaration envoyée à La Presse. Pour le reste, nous réservons nos commentaires pour l’audience prévue vendredi. »

Un actif de taille

Espace Montmorency est un complexe multiusage d’une valeur de de 450 millions comprenant un hôtel, des commerces, des tours résidentielles et un stationnement souterrain. Ses partenaires étaient le Fonds de solidarité FTQ, Montoni, Montez et Sélection, à un quart chacun. Le prix de la transaction, qui est intervenue le 18 avril après une bonification de l’offre de l’acheteur, n’est pas dévoilé dans le rapport de M. Bourque. Le volet hôtelier du projet ne figure pas dans l’accord.

« La transaction permettra de générer des liquidités pour rembourser une portion du financement intérimaire et assurer la poursuite des activités de Sélection », écrit le contrôleur, à propos de l’accord intervenu avec le Fonds de solidarité FTQ.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Réal Bouclin, président de Sélection

Ce dernier n’évoque pas l’état des relations entre les créanciers de Sélection et Réal Bouclin, le président de l’entreprise. Le climat s’était envenimé ces dernières semaines, au point d’inciter le juge Pinsonnault à recommander aux deux parties de mettre de l’eau dans leur vin pour assainir le climat.

Dans une décision rendue le 12 avril dernier, le magistrat avait également écorché l’homme d’affaires, lui reprochant une absence de « bonne foi » dans le cadre de la restructuration en cours.

Beaucoup d’invitations

On apprend aussi dans le rapport du contrôleur que celui-ci a ratissé large dans le cadre du processus d’enchères visant d’autres actifs de Sélection. Près de 540 invitations ont été envoyées au Canada, aux États-Unis et ailleurs dans le monde dans le but d’attirer des acquéreurs potentiels.

Depuis, 46 « acheteurs potentiels se sont qualifiés », peut-on lire dans le document.

« L’équipe de PwC et le contrôleur ont eu de nombreuses discussions avec des offrants potentiels afin de présenter l’opportunité et répondre aux questions et demandes d’information », écrit M. Bourque, sans offrir plus de détails.

Ce qui est offert aux enchères est regroupé en deux portefeuilles. Le premier concerne les 25 RPA détenues avec Revera et l’autre concerne des actifs – comme le projet District des Brasseurs (ex-brasserie Molson) qui n’ont pas encore fait l’objet d’ententes de gré à gré pour être vendus.

M. Bourque n’offre pas de détails à propos des actifs qui suscitent le plus d’intérêt. Quatre acquéreurs potentiels ont les complexes détenus avec Revera – qui a déjà présenté une soumission d’amorce – dans leur ligne de mire, tandis que les 41 autres s’intéressent au reste des participations de Sélection dans des projets.

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  • 14 novembre 2022
    Date à laquelle l'entreprise Groupe Sélection s’est protégée de ses créanciers
    Source : Groupe Sélection