(New York) Les marchés boursiers mondiaux se sont repliés avant des indicateurs sur l’inflation aux États-Unis et à la suite d’un avertissement de la Banque d’Angleterre aux fonds de pension, un contexte propice à la remontée des taux.

Wall Street a terminé mitigée, mais le NASDAQ s’est enfoncé de 1,10 %, le S&P 500 a reculé de 0,65 % tandis que le Dow Jones a grappillé 0,12 %.

Les indices européens ont poursuivi leur repli : Paris a perdu 0,13 %, Francfort 0,43 %, Milan 0,87 % et Londres 1,06 %.

L’environnement géopolitique pesait notamment sur la tendance boursière après que le Kremlin a dit mardi s’attendre à plus de « confrontation » avec l’Occident, avant un sommet virtuel d’urgence du G7 prévu dans la journée et consacré aux bombardements russes de grande ampleur en Ukraine.

En deuxième partie de séance à New York, le gouverneur de la BoE Andrew Bailey a averti que les achats de bons du Trésor par la Banque centrale pour tenter de stabiliser le marché obligataire britannique étaient « temporaires » et que les fonds de pension avaient « trois jours » pour rééquilibrer leurs actifs. Cette déclaration a précipité un peu plus la livre qui perdait 0,90 % à 1,0955 dollar pour une livre vers 19 h GMT (15 h HAE).

La Banque d’Angleterre est en effet à nouveau intervenue mardi face aux « dysfonctionnements » des marchés et des risques « d’instabilité financière », mais sans réussir à rassurer les investisseurs et à faire baisser de manière significative le taux d’intérêt de la dette britannique à long terme.

Le rendement des emprunts d’État britanniques à 10 ans a grimpé jusqu’à 4,51 %, non loin du sommet de 14 ans enregistré le 28 septembre (4,59 %).

Par ailleurs, « les investisseurs sont nerveux avant les données d’inflation (américaine) de cette semaine, les appels pour un resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale américaine mèneront à des hausses plus agressives au-delà de novembre » du taux directeur de l’institution, estime Craig Erlam, analyste d’Oanda, pour qui « nous pourrions assister à un nouveau cycle de ventes important. »

Cette ambiance est confortée par le rapport d’automne du Fonds monétaire international (FMI) sur l’économie mondiale. Il a maintenu à 3,2 % sa prévision de croissance pour 2022, déjà révisée trois fois cette année, mais abaissé de nouveau celle attendue pour 2023, cette fois à 2,7 %, soit 0,2 point de moins que la précédente révision au mois de juillet.

Donnée cruciale de la semaine, l’indice des prix à la consommation (CPI) attendu jeudi aux États-Unis dont la hausse devrait être encore supérieure à 8 % en glissement annuel pour le septième mois consécutif.

Depuis mars, la Réserve fédérale américaine relève vigoureusement son taux directeur pour renchérir les conditions financières afin de comprimer la demande et de freiner l’inflation. Dans son rapport, le FMI a par ailleurs encouragé les banques centrales à « agir résolument » pour enrayer la hausse des prix.

Le marché commence à percevoir des signes de tassement de certains prix, mais au vu de la robustesse du marché de l’emploi américain, il s’attend à une nouvelle remontée des taux en novembre aux États-Unis.

En France, le taux de l’emprunt à 10 ans a dépassé en séance son précédent pic de l’année, fin septembre, pour atteindre un nouveau plus haut depuis 10 ans, avant de redescendre. Le taux américain a touché 3,97 % en début de séance américaine avant de tomber à 3,89 % vers 15 h 50 GMT (11 h 50 HAE).

Les résultats de Givaudan pas au parfum

L’action du groupe suisse Givaudan a chuté de 6,80 % à Zurich, plombée par une déception sur ses ventes d’arômes au troisième trimestre malgré une forte hausse de la parfumerie fine grâce aux hausses de prix.  

D’autres valeurs de la chimie ont aussi dévissé, comme Solvay (-5,40 %) ou Arkema (-4,89 %).  

La tech encore en difficulté

Le secteur technologique était encore mal orienté dans le contexte de hausse des taux, mais certaines entreprises souffraient davantage comme Uber (-10,42 %) et son concurrent Lyft (-12,02 %) devant des menaces législatives aux États-Unis, ou Meta (-3,92 %), alors que la Russie a classé comme « terroriste » le groupe de réseaux sociaux.

Du côté des devises et du pétrole

La monnaie européenne est restée stable à 0,9703 dollar pour un euro.

Les cours du pétrole ont reculé à nouveau, les inquiétudes sur une récession qui plomberait la demande mondiale reprenant le dessus.  

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé 1,97 %, pour clôturer à 94,29 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en novembre, a lui lâché 1,95 %, à 89,35 dollars.