L’Ontario n’a pas l’intention de renouveler le contrat d’achat d’électricité conclu avec Hydro-Québec qui prendra fin l’an prochain mais l’électricité ainsi libérée devrait trouver preneur ailleurs.

« Comme on l’a déjà dit, ce n’est pas la demande qui manque », a indiqué une porte-parole de la société d’État, Lynn St-Laurent.

Dans son plus récent plan stratégique, Hydro-Québec prévoit en effet devoir augmenter sa production pour satisfaire la demande d’électricité croissante générée par la transition énergétique, au Québec et dans les marchés voisins.

L’Ontario ne renouvellera pas le contrat de cinq ans conclu en 2016 avec Hydro-Québec pour l’achat de 2 térawattheures d’électricité par année, rapportait mardi Radio-Canada. À court terme, ça signifie une perte de revenus pour Hydro-Québec, mais ces 2 térawattheures représentent une fraction des 30 térawattheures qu’exporte Hydro-Québec chaque année. La société d’État québécoise espère aussi concrétiser deux gros contrats d’exportation à long terme avec le Massachusetts (9,5 térawattheures) et avec New York (10 térawattheures).

En plus du contrat qui les lie jusqu’à l’an prochain, le Québec et l’Ontario s’échangent régulièrement de l’énergie selon les besoins de leur marché respectif. Ces échanges vont se poursuivre, a indiqué hier Hydro-Québec.

Le contrat que l’Ontario a décidé de ne pas renouveler était pourtant avantageux pour les deux parties, observe Jean-Thomas Bernard, spécialiste et en énergie et professeur à l’Université d’Ottawa.

Si l’Ontario a décidé d’y mettre fin et de se fier aux centrales au gaz naturel, ce n’est pas pour économiser, selon lui, parce que le prix de l’électricité québécoise sur les marchés d’exportation est lié au prix du gaz naturel.

L’Ontario, fait le choix de maintenir ses centrales nucléaires et de dépendre des centrales au gaz pour servir de base aux énergies intermittentes solaires et éoliennes. Il y a beaucoup d’incertitudes sur l’évolution du prix du gaz, qui a doublé depuis un an.

Ce choix implique aussi une augmentation des émissions de gaz à effet de serre mais c’est un argument qui ne pèse pas lourd dans le gouvernement de Doug Ford, constate Jean-Thomas Bernard.

À son premier mandat, le premier ministre Doug Ford avait retiré l’Ontario de la Bourse du carbone et mis fin au rabais à l’achat d’un véhicule électrique.

La position géographique de l’Ontario, à proximité des sites américains de production de gaz de schiste, peut aussi expliquer son choix énergétique. « Il faut aussi se rappeler que l’Ontario a eu une très mauvaise expérience avec les énergies renouvelables sous l’administration McGuinty », rappelle le professeur.

Les efforts de ce gouvernement pour développer les énergies solaires et éoliennes à grand renfort de subventions ont produit peu de résultats mais ont fait augmenter considérablement la facture d’électricité des Ontariens. Le prix de l’électricité pour les consommateurs ontariens aujourd’hui est le double de celui du Québec.

Pour Hydro-Québec, le contrat de vente avec l’Ontario est avantageux « parce qu’il y a encore des surplus actuellement », note Jean-Thomas Bernard.

À une époque, Hydro-Québec espérait vendre plus d’électricité en Ontario et avait investi dans une nouvelle interconnexion de 1 250 mégawatts avec la province voisine.

Toutefois, selon Hydro-Québec, ces capacités d’interconnexion peuvent être utilisées pour accroitre les exportations vers l’État de New York et le Midwest américain.