Le nom de la vedette américaine du golf Phil Mickelson est évoqué dans une affaire de délit d'initiés aux États-Unis, dossier dans lequel une légende des paris sportifs et l'ancien président du groupe alimentaire Dean Foods ont été inculpés jeudi.

Le vainqueur de plusieurs titres majeurs aurait empoché 931 000 dollars de gains «illicites» en achetant en Bourse des actions du titre Dean Foods sous les recommandations pressantes du parieur William «Bill» Walters, selon le gendarme de la Bourse, la SEC, qui ne lui reproche toutefois aucune malversation.

Cet argent a servi à rembourser ses dettes de jeu envers M. Walters qui aurait reçu des informations confidentielles de Tom Davis, contraint de démissionner de la présidence du conseil d'administration de Dean Foods en 2015, selon la SEC.

De 2008 à 2012, M. Davis «a tuyauté M. Walters en lui donnant des informations hautement confidentielles sur Dean Foods, notamment les résultats d'au moins six trimestres en avant-première, et l'a prévenu en avance de l'indépendance prévue de la filiale la plus rentable de l'entreprise», dénonce le gendarme de la Bourse dans un communiqué.

En 2013, M. Davis aurait aussi informé M. Walters qu'un groupe d'investisseurs s'apprêtait à acheter des actions du groupe Darden Restaurants et à y effectuer des changements importants dans l'objectif de doper le cours de Bourse du titre.

Se servant à chaque fois de ces informations, le parieur a acheté les actions Dean Foods et Darden Restaurants et s'est ainsi fait des «gains illicites « d'un montant total d'«au moins 40 millions de dollars», affirme la SEC, qui a intenté une action au civil.

En échange, le parieur aurait versé indirectement à son «informateur» environ 1 million de dollars.

Le procureur fédéral de Manhattan, Preet Bharara, a décidé de poursuivre au pénal les deux hommes, selon un communiqué distinct.

M. Walters, arrêté mercredi à Las Vegas, a qualifié jeudi, par la voix de son avocat, ces accusations «inexactes», tandis que M. Davis a décidé, lui, de coopérer avec les enquêteurs.

Confiance des commanditaires

Quant à Phil Mickelson, présenté par la SEC comme un «relief defendant», c'est-à-dire une personne ayant profité indirectement d'informations confidentielles, il aurait reçu en juillet 2012 un appel de Bill Walters.

Durant cette conversation, le parieur à qui il devait de l'argent, selon la SEC, l'aurait exhorté à investir dans Dean Foods dont il savait que le cours de Bourse allait s'envoler quand le groupe annoncerait la séparation de ses activités. Ce que le sportif a fait dès le lendemain.

Une semaine plus tard, l'action de Dean Foods a bondi de 40% et M. Mickelson aurait au passage empoché 931 000 dollars, selon la SEC, qu'il a accepté de rembourser jeudi en intégralité ainsi que les intérêts qui s'élèvent à plus de 100 000 dollars.

Dans une déclaration transmise à l'AFP par son avocat, le golfeur insiste sur le fait que son nom a été «blanchi» mais dit regretter que l'apparition de son nom dans une telle affaire enfreigne les exigences éthiques de son sport.

«Phil endosse la responsabilité entière pour les décisions et associations qui en ont fait de lui un sujet de l'enquête», peut-on encore lire dans le document, dans lequel il est souligné que ses commanditaires - KPMG, Rolex, Barclays, ExxonMobil, Amgen - lui maintiennent leur confiance.

Le golfeur a gagné 79,5 millions de dollars en tournois depuis le début de sa carrière selon la fédération américaine de golf, juste derrière Tiger Woods.

Cette affaire retentissante mêlant finance et milieu du sport est un «coup» important pour le ministère de la Justice, qui a beaucoup de mal à faire condamner des personnes poursuivies dans les dossiers de délinquance en col blanc. En décembre 2014, une cour d'appel a annulé la condamnation de deux gérants de fonds d'investissement.