Le scandale qui frappe la prestigieuse banque britannique Barclays a coûté leur emploi à deux de ses principaux dirigeants mardi.

Le chef de la direction, l'Américain Bob Diamond, et le directeur de l'exploitation, le Canadien Jerry del Missier, ont tous deux annoncé leur démission, à quelques heures d'intervalle.

Le président du conseil d'administration de l'institution, Marcus Agius, avait quitté ses fonctions lundi. Il dirigera toutefois le recrutement d'un nouveau chef de la direction et ne quittera l'entreprise qu'après la nomination d'un nouveau président du conseil d'administration.

Les gestionnaires de Barclays essuient des tirs nourris depuis que la banque a été mise à l'amende, à hauteur de 453 millions de dollars US, par des agences réglementaires américaines et britanniques pour avoir présenté des rapports erronés concernant les taux interbancaires entre 2005 et 2009. L'affaire touche essentiellement des courtiers de la banque d'affaires Barclays Capital, que M. Diamond dirigeait à l'époque.

M. del Missier n'était en poste que depuis un mois. Il dirigeait auparavant les activités de Barclays Capital.

Le gouvernement britannique a indiqué lundi qu'il décidera d'ici un mois si des accusations criminelles seront déposées. Un comité parlementaire a aussi été mis sur pied pour enquêter sur ces événements.

Le vice-premier ministre britannique Nick Clegg et le chef de l'Opposition Ed Miliband avaient tous deux réclamé la démission de M. Diamond, un Américain âgé de 60 ans.

Certains analystes croyaient que M. Diamond pourrait demeurer en poste, puisqu'on ne lui connaît aucun dauphin évident. M. Diamond a indiqué avoir malgré tout l'intention de témoigner, mercredi, devant le comité du Trésort de la Chambre des communes pour fournir les explications de la banque concernant ces faux taux d'intérêt.

Barclays et plusieurs autres banques fournissent régulièrement des évaluations des coûts qu'elles encourront pour emprunter des fonds à d'autres banques. Ces estimations servent à calculer le «London interbank offered rate» (LIBOR).

Le LIBOR et un taux européen similaire, l'EURIBOR, sont ensuite utilisés pour déterminer les versements découlant de nombreuses ententes financières d'une valeur mondiale de plus de 5000 milliards de dollars US, y compris des prêts et des hypothèques.

Barclays a reconnu avoir soumis des chiffres inférieurs à la réalité pendant la crise financière de 2007 et 2008, concernant ses emprunts interbancaires. D'autres banques sont aussi sous enquête.

Barclays avait survécu à cette crise financière sans l'aide du gouvernement britannique, contrairement à des rivales comme le Lloyds Banking Group et la Royal Bank of Scotland. Elle avait plutôt profité d'une injection de fonds de Qatar Holding, le fonds d'investissement du gouvernement qatarien.