Que ceux qui pensent que le réseau de garderies à 7$ coûte les yeux de la tête aux contribuables se détrompent. Le programme ne coûte rien à l'État! Au contraire, la mise en place des garderies subventionnées a été une décision financièrement «payante» pour Québec, démontre une étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

Les garderies à contribution réduite ont permis à près de 70 000 mères d'intégrer le marché du travail. La hausse du taux d'emploi a gonflé la taille de l'économie québécoise de 5 milliards de dollars, ce qui a permis à l'État de récupérer 2,4 milliards par la bande. C'est bien au-delà du coût net du programme, qui était de 1,6 milliard en 2008.

Ainsi, l'État a obtenu un rendement fiscal de 147% avec la création des garderies à 7$. «Cela revient à dire que cette politique publique a contribué à la fois au développement social du Québec et à sa prospérité économique», dit le professeur de fiscalité Luc Godbout, qui signe l'étude avec Pierre Fortin et Suzie St-Cerny.

Lancées en 1997, les garderies à contribution réduite ont accueilli 215 000 enfants d'âge préscolaire l'an dernier, soit presque la moitié des enfants de cette catégorie.

Le taux de fréquentation d'une garderie par des enfants de 0 à 5 ans a grimpé de 16% à 43% en une décennie (1998-2008) au Québec. Rien de tel ailleurs au Canada. Au cours de la même période, la fréquentation a continué d'osciller autour de 20% en Ontario et dans les autres provinces.

«Diverses études de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) démontrent que le principal obstacle à la participation des femmes au marché du travail, ce sont les coûts de garde. Plus on les abaisse, plus on ouvre les portes du marché du travail aux mères», explique M. Godbout.

De fait, la prolifération rapide des garderies à 7$ s'est accompagnée d'une forte augmentation du nombre de Québécoises sur le marché du travail. Le taux d'activité des femmes de 15 à 64 ans est passé de 63% en 1996 à 75% en 2011. Ce bond de 12% est beaucoup plus important qu'ailleurs au Canada.

L'étude démontre que ce sont les mères d'enfants de moins de 15 ans, et non les femmes sans enfant, qui ont connu la hausse du taux d'activité la plus marquée. Et parmi les mères, ce celles qui élèvent seules des enfants d'âge préscolaire qui ont enregistré la hausse la plus impressionnante (22%). Les changements apportés au calcul de l'aide sociale y sont aussi pour quelque chose.

Durant cette période, le nombre de familles monoparentales qui recevaient l'aide sociale a fondu de moitié, soit de 99 000 à 45 000. Et le taux de pauvreté des familles monoparentales dont le chef est une femme a chuté de 36% à 22%, tandis que leur revenu réel a bondi de 81%.

«En favorisant la participation des mères au marché du travail, on a contribué à sortir les enfants de la pauvreté», constate M. Godbout.

À la lumière de toutes ces statistiques, les auteurs de l'étude ont pu établir que la mise en place du réseau de garderies a permis à quelque 69 700 mères d'accéder au marché du travail et d'y rester, même lorsque leurs enfants sont entrés à l'école. Cet ajout a fait augmenter de 1,8% le taux d'activité de l'ensemble de la population québécoise.

La taille de l'économie québécoise a pratiquement gonflé d'autant, si bien que le produit intérieur brut (PIB) du Québec a grimpé de 5,1 milliards.

Les gouvernements ont récupéré une bonne part de cette manne. Non seulement l'État a-t-il prélevé davantage d'impôts et de taxes, mais il a aussi eu moins à verser en programmes d'aide sociale et de soutien aux enfants. Au total, les gouvernements ont obtenu une «rétroaction budgétaire globale» de 2,4 milliards à la suite de la mise en place du réseau de garderies.

Québec a récupéré 1,7 milliard, soit 100 millions de plus que les subventions consacrées aux garderies, et Ottawa a obtenu une rétroaction fiscale de 700 millions.

Autrement dit, chaque tranche de 100$ de subvention versée par Québec lui a permis de récupérer 104$ et a donné un cadeau de 43$ à Ottawa, conclut l'étude.