La Grèce, qui a obtenu un accord des créanciers privés sur la restructuration de sa dette, pourrait revenir sur les marchés «dans quelques années», a indiqué vendredi soir le patron de l'Institut de la Finance internationale (IIF) Charles Dallara à la télévision grecque Méga.

Interrogé pour savoir si la Grèce peut revenir sur les marchés même avant 2020, M. Dallara a répondu qu'«il était très probable que, si la Grèce suivait le programme d'assainissement de son économie, elle pourrait revenir sur les marchés dans quelques années».

En raison de son énorme dette, la Grèce ne peut pas emprunter à long terme sur le marché international depuis 2010, début de la crise.

Le programme d'assainissement de l'économie du pays, dicté par l'UE et le FMI, ne prévoit le retour de la Grèce sur les marchés qu'à partir de 2020.

«Si les engagements de la Grèce sont remplis (...) et les privatisations prévues sont réalisées, le pays pourrait revenir dans quelques années sur les marchés», a souligné M. Dallara lors d'un entretien à Méga.

Le patron de l'IIF a participé pendant plusieurs mois aux négociations intenses avec le gouvernement grec sur la restructuration de la dette du pays.

Au terme de ces négociations, la Grèce a pu obtenir vendredi l'accord de ses créanciers privés sur cette restructuration, la plus grosse opération de réduction de dette de l'histoire, qui vise à réduire la dette du pays à 120 % du PIB d'ici 2020 contre plus de 160 % actuellement et lui éviter la faillite incontrôlée.

Cet accord va également permettre le déblocage d'un prêt de la zone euro à la Grèce, de 130 milliards d'euros sur trois ans.

Selon les termes de cet accord, la Grèce pourra compter sur près de 95,7 % d'acceptation de l'ensemble de ses créanciers privés pour échanger leurs titres de dette, après avoir déclenché des clauses coercitives imposant aux récalcitrants d'accepter l'offre.

L'échange des obligations éligibles des créanciers privés doit avoir lieu lundi 12 mars.

«Lundi soir, un montant égal à la moitié du PIB grec sera effacé (...), c'est une occasion historique pour la Grèce d'avancer», a estimé M. Dallara.

Moody's considère que la Grèce a fait défaut

L'agence d'évaluation financière Moody's a indiqué vendredi qu'elle considérait que la Grèce avait fait défaut sur sa dette, et a maintenu la note qu'elle attribue au pays à «C», la plus basse dans son échelle.

«Selon la définition de Moody's, cet échange de dette représente un échange contraint, et donc un défaut sur la dette», a affirmé Moody's dans un communiqué.

Athènes a obtenu vendredi l'accord d'une majorité de ses créanciers privés pour effacer plus de 100 milliards d'euros de dette, et le déclenchement de clauses forçant une minorité à se joindre à l'opération.

«Premièrement, l'échange aboutit à des obligations moindres par rapport à celles d'origine, et deuxièmement, l'échange a pour effet de permettre à la Grèce d'éviter le défaut de paiement à l'avenir», a détaillé Moody's.

La note avait été abaissée à «C» le 2 mars. Et malgré l'allègement considérable du fardeau de la dette grecque, l'agence n'a donné aucune précision sur le rythme auquel la note du pays pourrait être relevée.

«Moody's réexaminera la note de la Grèce en temps utile pour évaluer les répercussions de l'échange sur la viabilité du poids de la dette de la Grèce, en même temps que d'autres facteurs pertinents, y compris le respect par la Grèce des mesures qui sont une condition à un soutien international, et ses perspectives de croissance», a-t-elle expliqué.