En Grèce, les négociations sur la restructuration de la dette sont sur le fil du rasoir. Les créanciers privés du pays disent avoir été au bout de leurs possibilités et renvoient la responsabilité d'un éventuel défaut de paiement du pays sur le FMI et l'UE, si aucun accord n'intervenait.

«Notre proposition (...) est la proposition maximale qui peut se faire dans le cadre d'un plan d'échange de dette dit 'volontaire'», a mis en garde dimanche soir le représentant des banques et créanciers privés de la Grèce, l'Américain Charles Dallara, interviewé sur la chaîne grecque Antenna.

Il négocie depuis dix jours avec le gouvernement grec au nom de quelque 450 banques ou institutions privées qui détiennent des obligations souveraines grecques, en vue d'effacer 100 milliards d'euros de dette.

Une opération dont le principe a été accepté fin octobre pour tenter d'éviter un défaut de paiement non maîtrisé de la Grèce, qui menacerait la zone euro et au-delà. Elle vise à alléger le fardeau de la dette à 120% du PIB en 2020 contre plus de 160% actuellement.

L'enjeu pour Athènes et l'ensemble de la planète financière est de taille, car sans accord, le pays ne pourra pas rembourser 14,4 milliards d'obligations arrivant à échéance le 20 mars, ce qui constituerait un défaut de paiement désordonné du pays.

Tout en indiquant à plusieurs reprises qu'il restait «confiant» dans la possibilité d'un accord, M. Dallara a rejeté sur les créanciers institutionnels du pays la responsabilité d'un éventuel naufrage si aucun accord rapide n'était trouvé.

«Tout repose maintenant largement dans les mains du secteur officiel (Banque centrale européenne, Union Européenne, et Fonds Monétaire International, NDLR) pour choisir la direction, soit un plan d'échange de dette volontaire, soit un défaut», a-t-il dit.

«Je reste confiant que tous les efforts variés vont aboutir à une position commune dans le très très très court terme», a-t-il néanmoins ajouté.

De son côté, Athènes a exprimé l'espoir lundi matin «que des pas sérieux en direction d'un accord» seront faits lors «de la réunion de l'Eurogroupe» plus tard dans la journée.

«Le moment est très délicat,» a ajouté le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis, dans un entretien à la radio publique Net, excluant toutefois un naufrage.

Selon une source gouvernementale, Athènes souhaite la conclusion de l'accord au plus tard «d'ici le sommet européen» fin janvier.

Le désaccord porte notamment sur le taux d'intérêt que devra payer la Grèce aux banquiers sur les nouvelles obligations qui seront émises.

Les banques proposent de rester aux alentours de 4%, quand le FMI voudrait un taux beaucoup plus bas, qui soulagerait la Grèce, aux prises avec une récession aggravée, et rendrait la dette plus soutenable à terme.

De fait, le gouvernement grec est pris dans un étau. Et le face à face banques-gouvernement s'est transformé en face à face entre les banques et fonds d'un côté, le FMI et l'UE de l'autre.

Les banques privées sont d'accord pour perdre 50% de leur mise sur les obligations qu'elles détiennent, mais elles s'inquiètent de pertes totales supérieures à 70% si les taux sur les nouvelles obligations devaient être trop peu rémunérateurs. Et menacent donc que l'accord ne soit pas «volontaire».

Une hypothèse que la zone euro veut éviter à tout prix, pour empêcher le déclenchement des assurances anti-défaut, les CDS, accumulées depuis des mois par ceux qui spéculent sur un défaut de la Grèce.

De leur côté, les créanciers institutionnels, zone euro et FMI, ont fait de la signature d'un accord entre la Grèce et ses créanciers privés la condition pour débloquer l'octroi d'un deuxième prêt de 130 milliards d'euros à Athènes.

Le FMI s'inquiète notamment de la solvabilité du pays, point essentiel pour qu'il puisse continuer à le financer, alors que la chute du PIB grec devrait avoisiner les 6% pour l'année 2011.

Le ministre adjoint des Finances, Philippos Sahinides, a résumé l'enjeu dimanche en soulignant que «le but du gouvernement» était de «trouver le moyen pour combiner la viabilité de la dette et le caractère volontaire de l'accord».

Reste à savoir qui cèdera le premier.