Le chef du gouvernement italien Mario Monti a donné dimanche un brusque coup d'accélérateur, avant une semaine cruciale pour la zone euro, en annonçant une nouvelle cure d'austérité draconienne et des mesures de relance de l'économie afin de «sauver l'Italie» de la crise de la dette.

Pour souligner l'urgence de la situation, M. Monti a rappelé avoir reçu il y a moins de trois semaines le mandat d'«aider à sauver l'Italie» d'une crise «très grave» qui «risque de compromettre ce qu'ont accompli en 60 ans de sacrifices au moins quatre générations d'Italiens».

Entouré de ses principaux ministres, l'ancien commissaire européen s'est engagé à «mettre fortement sous contrôle le déficit et la dette» pour que l'Italie cesse d'être «considérée comme un foyer» de crise et d'inquiétude pour l'Europe.

Conscient de la sévérité de la cure imposée aux Italiens, cet ancien professeur d'économie a jugé de son «devoir de renoncer à ses salaires de président du Conseil et de ministre de l'Économie et des Finances».

Le décret-loi adopté dimanche contient des mesures de rigueur pour 20 milliards d'euros, dont un durcissement des régimes de retraite, mais aussi des investissements pour relancer la croissance pour 10 milliards d'euros.

La ministre aux Affaires sociales Elsa Fornero, a fondu en larmes à l'évocation des «sacrifices» réclamés en soulignant qu'ils lui ont «coûté psychologiquement».

«Ensemble nous y arriverons», a assuré M. Monti en disant vouloir «transmettre un message de grave préoccupation, mais aussi de grand espoir».

La réforme des retraites prévoit une augmentation du nombre d'années de cotisation, fixé actuellement à 40 ans, un calcul des pensions fondé sur l'ensemble de la carrière et non sur les derniers salaires perçus et une accélération du relèvement prévu de l'âge de départ des femmes.

La cure d'austérité dont l'adoption a été avancée à dimanche au lieu de lundi face à l'urgence de la situation, comprend aussi des coupes dans les dépenses publiques (notamment des collectivités locales), une augmentation de la taxation de l'immobilier, une nouvelle taxe sur les produits de luxe (voitures, yachts, avions privés) et des mesures contre l'évasion fiscale.

M. Monti a dû demander aux Italiens de se serrer davantage la ceinture pour parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 car les deux plans d'austérité de 60 milliards d'euros adoptés en juillet et en septembre ne suffiront pas pour atteindre cet objectif compte tenu de la contraction en cours de l'économie italienne.

Les mesures prévues sont «socialement insupportables» et constituent «un coup très dur pour les retraités», a dénoncé Susanna Camusso, la chef de la Cgil (gauche), le principal syndicat italien.

Les syndicats et les principaux dirigeants politiques ont été reçus par M. Monti avant le conseil des ministres.

Pour Rafaele Bonanni, numéro un du syndicat catholique modéré Cisl, le gouvernement qui avait promis des mesures mêlant «rigueur, croissance et équité», «n'a pas calculé l'impact social» du plan d'austérité.

Les mesures seront présentées dès lundi aux deux chambres du parlement qui devraient les approuver avant Noël.

Selon M. Monti, sans ce plan d'austérité, l'Italie risquerait de devenir «insolvable» mettant en péril l'euro. Comme il l'avait déjà fait comprendre, mécontenter tout le monde fait partie de sa stratégie.

L'urgence est de mise alors que la méfiance des marchés a propulsé les taux d'emprunt de l'Italie à des niveaux jugés insoutenables à terme pour le pays qui croule sous une dette colossale (120% de son PIB).

Sur le plan politique, seule la Ligue du nord, le parti populiste d'Umberto Bossi a annoncé une opposition frontale aux mesures gouvernementales. Pour M. Bossi, la crise de la zone euro signe la «défaite de l'Italie dans la guerre économique» actuelle.

La «patronne des patrons» Emma Marcegaglia a qualifié les mesures annoncées d'«indispensables» en raison de la gravité de la situation, tout en regrettant l'augmentation de la pression fiscale.

Sur le front de la relance de la croissance, le plan d'action du gouvernement prévoit une réduction des charges sociales pour les entreprises embauchant surtout des jeunes et des femmes, ainsi que des mesures pour par exemple garantir les prêts à destination des PME.

La réforme du marché du travail devrait en revanche intervenir dans un deuxième temps.