Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont signifié samedi au nouveau Premier ministre grec Lucas Papademos «l'urgence de la mise en oeuvre complète et intégrale de tous les engagements pris» par Athènes, notamment ceux contenus dans l'accord du 27 octobre.

«Le versement de la prochaine tranche d'aide ne pourra intervenir que lorsqu'un pas décisif aura été accompli dans ce sens», a indiqué la présidence française dans un communiqué, précisant que le président français et la chancelière allemande se sont entretenus dans l'après-midi avec le chef du gouvernement grec.

M. Sarkozy «a ensuite eu un nouvel entretien bilatéral avec Mme Merkel pour faire un point des développements dans l'ensemble de la zone euro et envisager les initiatives nécessaires pour accélérer la mise en oeuvre complète de l'accord du 27 octobre», selon l'Élysée.

Le plan décidé en juillet puis renforcé fin octobre par la zone euro prévoit notamment une perte de 50% pour les détenteurs privés d'obligations grecques, qui doit permettre à la Grèce d'effacer 100 milliards sur une dette publique totale de plus de 350 milliards.

Le ministre grec des Finances, le socialiste Evangelos Vénizelos, numéro deux du gouvernement, maintenu à ce portefeuille clé, avait dit espérer vendredi soir, peu après la nomination du gouvernement, que la sixième tranche du prêt consenti au pays en 2010 serait débloquée au cours d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro le 17 novembre.

De son côté, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a souligné que «le peuple grec doit décider s'il peut et s'il souhaite accepter les contraintes du maintien dans la zone euro», dans un entretien accordé au journal français Le Monde paru samedi.

Il a d'autre part plaidé en faveur d'un renforcement de la gouvernance dans la zone euro par des «modifications limitées du traité» européen, «pour avoir des mécanismes de contrôle plus efficaces du respect des engagements pris, une politique budgétaire commune et une amélioration de la compétitivité des différentes économies».

M. Schaüble a toutefois précisé qu'il ne souhaitait «pas un nouveau traité».

L'Allemagne appelle à un changement des traités européens pour y inscrire de manière plus coercitive la discipline budgétaire. Parmi les réformes envisagées figurent la possibilité de porter plainte devant la Cour de justice européenne (CJE) contre les contrevenants aux règles d'orthodoxie budgétaire ou encore leur mise sous tutelle en cas de violation répétée des règles.

Le magazine allemand Der Spiegel révèle quant à lui que l'option d'une sortie de la Grèce de la zone euro est un des scénarios sur lesquels travaille le gouvernement allemand, au cas où la nouvelle équipe au pouvoir refuserait de mettre en oeuvre le programme d'économies auquel le pays s'est engagé vis-à-vis de ses partenaires.

Selon l'hebdomadaire à paraître lundi, les experts du ministère des Finances travaillent ainsi sur un premier scénario, dans lequel les événements se dérouleraient sans trop de difficulté: la sortie de la Grèce, après quelques turbulences initiales, serait même positive pour la zone euro, car «sans son maillon le plus faible, la chaîne des pays membres de la zone serait renforcée».

Le deuxième scénario sur lequel se pencheraient les experts ministériels serait celui du pire, dans lequel l'Italie et l'Espagne se trouveraient à leur tour pris pour cibles par les marchés financiers.

Enfin, une troisième option, «le pire du pire», explique le Spiegel, serait également étudiée. Elle prévoirait la faillite complète de la Grèce, incapable de faire face aux effets de change liés à son retour à la drachme et qui entraînerait d'autres pays dans sa chute.