Le milliardaire américain Bill Gates a appelé les dirigeants du G20, jeudi, à envisager une taxe sur les transactions financières et d'autres financements novateurs pour aider les pays en développement, une idée soutenue par la France, l'Allemagne et plusieurs organisations non gouvernementales.

Le fondateur de Microsoft, invité à remettre au G20 un rapport sur le financement du développement, a aussi appelé des pays comme la Chine et le Brésil, aux économies en pleine croissance, à s'impliquer davantage pour aider les pays plus pauvres à connaître le même succès.

Des organisations internationales comme Oxfam et WWF ont tenu des rassemblements en marge du sommet du G20, jeudi, pour attirer l'attention sur cette «taxe Robin des bois».

L'acteur britannique Bill Nighy a plaidé en faveur de cette idée. «Je suis ici spécifiquement pour faire la promotion de la taxe Robin des bois au nom d'Oxfam», a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Une taxe minime, 50 pences pour chaque tranche de 1000 livres sterling générée par ce système bancaire stérile et non productif qui existe dans le cyberespace», a-t-il expliqué.

En termes canadiens, la taxe évoquée par Bill Nighy équivaudrait à 81 cents par tranche de 1623 $CAN.

Des militants de Médecins du monde ont été temporairement exclus du centre des médias du sommet après avoir tenté d'accrocher une bannière demandant aux dirigeants du G20 de donner plus d'argent pour améliorer la santé et les conditions de vie dans les pays en développement.

Dans un entretien accordé à l'Associated Press, Bill Gates a estimé qu'il était très peu probable que les pays du G20 s'accordent sur une taxe sur les transactions financières au niveau mondial.

«Le monde ne dispose pas d'un gouvernement, donc il ne va tout simplement pas y avoir d'alignement complet des mécanismes de taxes dans les différents pays», a-t-il expliqué.

La France et l'Allemagne sont favorables à une telle taxe, à laquelle s'opposent les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, notamment.

Le président français Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi que le Brésil et l'Argentine s'étaient montrés favorables à l'idée.

Une taxe sur les transactions financières est «moralement incontournable», a estimé M. Sarkozy lors d'une conférence de presse.

La France, qui préside le G20, «a plaidé une nouvelle fois pour la mise en place d'une taxe sur les transactions financières», a déclaré le président français. Une telle taxe est «techniquement possible et financièrement indispensable», a-t-il estimé.

«Inutile de vous dire qu'il n'y a pas consensus», a précisé M. Sarkozy.

Bill Gates a souhaité que les dirigeants du G20 examinent les autres idées de financement novatrices contenues dans son rapport, comme une taxe sur le tabac ou sur le pétrole.

«Les budgets sont serrés. Donc je pense que nous devons nous assurer que chaque dollar soit dépensé comme il faut», a-t-il souligné.

L'organisation non gouvernementale ONE a accueilli favorablement le rapport de Bill Gates et a exhorté le G20 à adopter les solutions proposées.

«Alors que les dirigeants du G20 jouent un nouvel acte de la tragédie grecque, Bill Gates leur propose un dénouement unique. Son rapport démontre qu'un accord mondial sur les investissements, l'aide et des taxes innovantes est non seulement désirable, mais réaliste», a estimé Guillaume Grosso, directeur de ONE France, dans un communiqué.

«À quelques exceptions près, les dirigeants du monde ont discrètement renoncé aux promesses faites aux pays les plus pauvres en espérant que personne ne s'en apercevrait. Mais Bill Gates montre que des solutions simples sont à portée de main pour financer la lutte contre la pauvreté», a-t-il ajouté.