Sommés par les États-Unis de régler au plus vite la crise de la dette, les dirigeants de la zone euro poursuivaient leurs tractations vendredi, avec une rencontre germano-néerlandaise à Berlin et une tournée du ministre allemand de l'Économie en Grèce.

Les attentes restent importantes, notamment en Bourse. Francfort et Paris baissaient vendredi vers 05h05, en attendant des chiffres de l'emploi aux États-Unis. Elles avaient fortement monté mercredi et jeudi, dans l'espoir de gestes forts pour les banques.

Ces dernières sont fragilisées par la crise de la dette, qui fait fondre la valeur de leurs portefeuilles d'obligations publiques.

Les mesures de soutien exceptionnelles en leur faveur annoncées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE), de retour «en mode crise», n'ont pas eu d'effet miracle.

Selon une statistique publiée vendredi par l'institution, les dépôts nocturnes des banques auprès d'elle ont atteint pour la cinquième journée consécutive un record annuel, signe que la confiance entre établissements n'est toujours pas de mise.

Pour que le crédit et donc l'économie fonctionnent bien, les banques doivent se prêter de l'argent et se rémunérer entre elles, plutôt que de se ruer sur les coffres de la BCE, conçus comme un dernier recours.

Hors de la zone euro, la situation n'est pas plus reluisante: l'agence Moody's a baissé vendredi les notes de 12 banques britanniques, dont cinq grandes.

Comme les marchés, les États-Unis sont dans l'expectative et le font savoir.

Jeudi, le président américain Barack Obama et son secrétaire au Trésor Timthy Geithner ont pressé les Européens de résoudre une crise de la dette qui menace de contaminer l'économie réelle.

Les dirigeants européens auront vendredi des occasions de répondre, par exemple lors de la rencontre à Berlin de la chancelière allemande Angela Merkel et du premier ministre néerlandais Mark Rutte.

Ce dernier devrait profiter de l'occasion pour promouvoir un agenda économique européen qu'il a conçu avec ses homologues de Finlande et de Suède, ce dernier pays n'étant pas membre de la zone euro, et rendu public vendredi.

Ce programme réclame «de hauts niveaux d'ambition pour des marchés ouverts et compétitifs, l'innovation, l'accès aux financements, une régulation intelligente et un marché unique fort».

Mme Merkel sera elle attendue au tournant sur la question du soutien aux banques de la zone euro.

Jeudi, elle a déclaré qu'il ne «fallait pas hésiter» à les renflouer, mais que l'aide publique ne devait être utilisée qu'exceptionnellement si les établissements échouent à se renforcer par leurs propres moyens, par exemple en augmentant leur capital.

À en croire la presse allemande, il s'agissait d'un avertissement adressé à la France. Berlin soupçonnerait Paris de vouloir utiliser le mécanisme de secours européen FESF pour aider son secteur bancaire.

Le FESF, dont les responsables européens ont décidé de renforcer les moyens, n'attend plus que la ratification de la Slovaquie, qui traîne des pieds.

Mme Merkel et le président français Nicolas Sarkozy auront l'occasion de confronter leurs vues dimanche lors d'un entretien à Berlin.

Un renforcement des banques européennes est une étape préliminaire à un nouveau sauvetage de la Grèce, qui devrait passer par une forte décote des titres de dette du pays.

En clair, les banques de la zone euro devraient accepter de soulager Athènes en renonçant à une grande partie de leurs créances, ce qui signifierait de lourdes pertes pour elles.

Le ministre allemand de l'Économie, Philipp Rösler, a appelé vendredi à Athènes les entreprises allemandes à investir en Grèce «avec dynamisme et élan créateur». Il doit encore s'entretenir dans la journée avec le premier ministre Georges Papandréou.

Cette visite est l'un des rares déplacements effectués par un dirigeant allemand en Grèce depuis le début de la crise de la dette en zone euro, sur fond de relations tendues entre Athènes et son principal donateur.

53% des Allemands refusent d'aider encore davantage la Grèce, 6% de plus qu'il y a un mois, selon un sondage diffusé vendredi par la chaîne télévisée ARD.