La zone euro va connaître une nouvelle semaine sous haute tension avec l'objectif de finaliser un deuxième plan de sauvetage crucial pour la Grèce, tandis que la crise de la dette ne donne aucun signe d'accalmie et que la zizanie menace au sommet de l'Europe.

Une mission des bailleurs de fonds internationaux du pays (Europe et FMI) doit en principe revenir en Grèce dans la semaine pour autoriser ou non - en fonction des progrès réalisés par le gouvernement - le versement en sa faveur de la prochaine tranche de prêts dont il a impérativement besoin pour éviter la banqueroute.

En parallèle, les ministres des Finances de la zone euro, puis de l'Union européenne se réuniront vendredi et samedi en Pologne pour tenter de boucler le deuxième plan d'aide à la Grèce de près de 160 milliards d'euros promis au pays le 21 juillet.

Le temps presse car les inquiétudes suscitées par la santé économique du pays, qui peine à concrétiser les réformes internes promises, ne cessent de croître.

Cherchant à rassurer, le premier ministre Georges Papandréou s'est engagé samedi, malgré la colère de la rue contre l'austérité, à tenir sans dévier les engagements de rigueur pour ne pas mettre la Grèce «en danger».

«Nous démentirons tous ceux qui parient sur l'échec du pays (...) sur une Grèce loin de l'euro», a-t-il lancé, tandis que son ministre des Finances s'est dit prêt dimanche à de nouvelles mesures d'économies pour tenir ses engagements de réduction du déficit public 2011.

Malgré tout, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel à paraître lundi croit savoir que le ministère des Finances à Berlin aurait fait plancher ses services sur plusieurs scénarii, dont celui d'une faillite de la Grèce.

À mesure que l'inquiétude grandit, la discorde s'intensifie en Europe sur les moyens de faire face à la crise de la dette.

La tension est montée d'un cran vendredi lorsque le très orthodoxe chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), l'Allemand Jürgen Stark, a démissionné pour marquer son désaccord avec l'aide apportée par l'institut monétaire aux pays fragiles de la zone euro, y compris l'Italie et l'Espagne, sous forme de rachat de leurs emprunts obligataires sur le marché.

Cet incident au plus haut niveau de la zone euro a conclu une semaine déjà riche en déclarations fracassantes à l'encontre de la Grèce. Certains pays comme les Pays-Bas n'hésitent plus à demander ouvertement une expulsion des pays trop endettés de l'Union monétaire «en dernier recours».

Début septembre, c'est le départ inopiné de Grèce de la mission des bailleurs de fonds du pays - appelée «troïka» et chargée de surveiller les comptes nationaux - qui avait jeté un froid.

Les experts estimaient qu'Athènes n'avait pas rempli ses promesses en matière de privatisations et de réformes économiques. Ils devraient donc revenir à présent que la Grèce a renouvelé ses engagements.

L'enjeu est grand : Athènes a absolument besoin du feu vert de cette mission si elle veut recevoir une nouvelle tranche d'aide de huit milliards d'euros tirée du premier plan d'aide de 2010. Un refus signifierait le défaut de paiement.

Dans ce contexte, une réunion d'urgence du FMI doit se tenir mercredi sur la Grèce.

Au-delà, de nombreuses incertitudes planent sur le deuxième plan de sauvetage de la Grèce, censé stabiliser son économie jusque fin 2014: la participation attendue du secteur privé n'est pas arrêtée. La Slovaquie renâcle à donner son accord, tandis que la Finlande insiste pour obtenir des garanties controversées en échange de nouveaux prêts.

Des tractations sont menées sans succès depuis des semaines sur leurs modalités. Les ministres de la zone euro espèrent pouvoir surmonter l'obstacle en Pologne.