Barack Obama a exhorté mardi le Congrès à se pencher sur l'économie et la création d'emplois, quelques instants après l'adoption finale au Sénat d'un texte évitant un défaut de paiement aux États-Unis tout en prévoyant des réductions budgétaires.

Le président a rapidement promulgué le texte, quelques heures à peine avant l'ultime limite fixée par le Trésor mardi à minuit. Les sénateurs ont approuvé le texte par 74 voix contre 26 au lendemain de son adoption à la Chambre des représentants par 269 voix contre 161.

La menace du défaut de paiement écartée au moins jusqu'en 2013, M. Obama a tancé le Congrès pour s'être lancé dans une guerre de tranchées sur les déficits et les dépenses publiques plutôt que de se concentrer sur le chômage.

«Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire croître cette économie et remettre l'Amérique au travail», a affirmé le président.

«Tout le monde doit s'y mettre. Ce n'est que justice. C'est le principe pour lequel je vais me battre dans les prochaines phases de ce processus», a dit M. Obama dans une allocution.

Au Sénat, immédiatement après le vote, le chef de la majorité démocrate Harry Reid a fait écho au président: «Le travail numéro un du Congrès doit être de créer des emplois pour les Américains».

«Assez parlé de la dette, nous devons parler d'emploi»

M. Reid a aussi annoncé que le premier texte sur lequel le Sénat se pencherait à son retour de congés parlementaires en septembre serait un projet de loi sur les brevets, dont les démocrates espèrent tirer des créations d'emplois.

Côté Chambre, la chef de la minorité démocrate Nancy Pelosi a enfoncé le clou en lançant mardi devant la presse: «Assez parlé de la dette. Nous devons parler d'emploi».

Mais les marchés ne semblaient pas apaisés mardi soir. La Bourse de New York a terminé en forte baisse: le Dow Jones a perdu 2,19% chutant sous 12 000 points, et le Nasdaq 2,75%. Et le Dow Jones Industrial Average a lâché 265,87 points à 11.866,62 points, son plus bas niveau de clôture depuis la mi-mars.

Et le compromis suscite peu d'enthousiasme dans les deux camps.

«Ce n'est pas le plan de réduction des déficits que j'aurais écrit», avait affirmé mardi le chef de la minorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, dont le parti aurait souhaité davantage de réductions budgétaires.

Pour M. Reid, «la majorité des démocrates, des indépendants et des républicains pensent que cet arrangement est injuste car les plus riches n'y ont pas contribué».

Le texte ne comporte aucune hausse d'impôt, un point sur lequel M. Obama a dû céder face à la pression des républicains, s'attirant les critiques de son propre camp.

Après des semaines de bataille acharnée entre les deux partis, le Congrès autorise un relèvement du plafond de la dette qui avait atteint le 16 mai son maximum à 14 294 milliards de dollars.

Mais l'économie américaine reste mal en point, avec un taux de chômage à 9,2% et une croissance faible à 1,3%. Et les derniers indicateurs ne sont pas rassurants: la consommation des ménages a chuté de 0,2%, selon des données du mois de juin publiées mardi.

La perspective de la note de Moody's passe à «négative»

L'agence de notation financière Fitch a maintenu sa note «AAA» pour le pays, la meilleure possible, car «le risque d'un défaut de paiement reste extrêmement faible». Quant à l'agence Moody's, tout en maintenant elle aussi sa meilleure note («AAA») elle a fait passer mardi sa perspective de «stable» à «négative», expliquant que les mesures votées ne suffiraient pas nécessairement pour améliorer l'état des finances publiques américaines.

De son côté, la directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a salué le relèvement du plafond de la dette, une bonne nouvelle «pour l'économie américaine et mondiale» et demandé une poursuite des efforts pour abaisser le déficit.

Pour sa part, le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a reconnu que la durée du blocage avait fait «beaucoup de dégâts» et érodé la confiance des investisseurs étrangers. Il a toutefois assuré être «très confiant» quant à la «solidité» de l'économie américaine.

Selon un sondage CNN/Opinion research poll, 60% des Américains désapprouvent le fait que le texte ne contienne pas de hausse d'impôts pour les plus riches.

L'accord prévoit notamment un relèvement du plafond de la dette d'au moins 2100 milliards de dollars, pour permettre au Trésor de faire des emprunts après le 2 août, selon le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme neutre.

La mesure est accompagnée de réductions budgétaires allant jusqu'à 2500 milliards de dollars en deux étapes. Une commission spéciale bipartite du Congrès devra se mettre d'accord -- avant Thanksgiving, fin novembre -- sur des baisses de dépenses supplémentaires, après une première tranche de 1000 milliards de dollars.