La Chambre des représentants américaine, où les républicains sont majoritaires, a rejeté samedi un plan démocrate pour tenter d'éviter un défaut de paiement à trois jours de l'échéance fixée par le Trésor, alors que des négociations de la dernière chance se jouaient au Sénat.

Les élus ont rejeté le texte par 246 voix contre 173 le texte élaboré par le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid. Ce vote intervient au lendemain du rejet d'un plan républicain par le Sénat.

Le président Barack Obama a tenté d'introduire une note d'optimisme samedi dans les négociations au Congrès pour éviter avant mardi un défaut de paiement des États-Unis, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l'économie mondiale.

Dans son discours hebdomadaire, il a répété que les deux parties n'étaient «pas si loin l'une de l'autre», mais il a averti qu'il restait «peu de temps».

Le président devait recevoir M. Reid et la chef des démocrates de la Chambre, Nancy Pelosi, samedi à 15h30 à la Maison-Blanche.

Samedi, les deux chambres du Congrès se sont lancées dans un nouveau week-end marathon pour tenter de trouver un accord avant mardi 2 août -- date-butoir fixée par le Trésor -- pour relever le plafond de la dette de 14 294 milliards de dollars et engager en même temps une politique de réduction des déficits.

«Nous avons toujours le temps de faire ça», a estimé samedi M. Reid, le chef de la majorité démocrate du Sénat.

«J'exhorte mes amis républicains à se joindre à moi pour agir avec le seul plan de compromis qui reste», a ajouté le chef démocrate.

Pour tenter d'attirer des voix à droite, M. Reid a diffusé vendredi soir une nouvelle version de son plan avec des mesures «suggérées» par les républicains.

Il a aussi pris des mesures pour programmer un premier vote au Sénat ce week-end afin de tenter de faire adopter un texte et éviter un défaut de paiement.

Mais les républicains ont indiqué samedi qu'ils ne voteraient pas pour le plan Reid. Dans une lettre à Harry Reid, signée par 43 des 47 sénateurs républicains, ces derniers affirment: «nous vous écrivons pour vous dire que nous ne voterons pas pour votre plan de relèvement du plafond de la dette de 2400 milliards», accompagné de 2400 milliards d'économies sur 10 ans.

En outre, le chef de la minorité républicaine Mitch McConnell a demandé à ce que le président revienne à la table des négociations.

Des discussions informelles doivent se poursuivre samedi au Capitole entre les deux camps dans l'espoir d'obtenir un accord de dernière minute.

La Chambre des représentants avait adopté le plan républicain par 218 voix contre 210 peu avant le vote du Sénat vendredi. L'initiative a ensuite basculé du côté du Sénat avec le plan de M. Reid.

Dans son ultime version, le plan Reid autorise un relèvement du plafond de la dette de 2400 milliards de dollars, accompagné de 2400 milliards de dollars de réductions budgétaires sur 10 ans, contre 2200 initialement. Ce relèvement du plafond de la dette est conçu pour tenir jusqu'en 2013.

Les républicains, eux, insistent sur un plan en deux étapes: un premier relèvement avant le 2 août et un deuxième début 2012, soit en pleine campagne électorale.

Si les deux partis ont fait des concessions au fil des négociations, leurs philosophies politiques restent largement opposées. D'un côté les républicains réclament des baisses d'impôts et des réductions budgétaires drastiques. De l'autre, les démocrates veulent accompagner la rigueur budgétaire d'efforts fiscaux de la part des plus riches.

Si aucun projet de loi pour relever le plafond de la dette n'est envoyé à la Maison-Blanche avant le 2 août, il ne restera que quelques jours à l'administration pour payer ses factures avant d'épuiser ses réserves d'argent, selon les analystes.

L'ancien secrétaire adjoint au Trésor sous l'administration de George W. Bush, Neel Kashkari, qui a été confronté à la situation créée par l'effondrement de la grande banque d'affaires Lehman Brothers, a estimé vendredi que le contexte économique était pire en septembre 2008 qu'à l'heure actuelle, mais que l'économie américaine demeurait fragile.

L'agence d'évaluation financière Moody's a précisé vendredi qu'elle donnait aux États-Unis plus d'une chance sur deux de conserver la note «Aaa» attachée à leur dette publique, en cas de désaccord persistant sur le relèvement du plafond.

Selon un sondage publié par l'institut Gallup, l'impasse budgétaire entame la popularité du président Obama, qui est tombée à 40% contre 50% début juin.