La Bourse du Caire a connu mercredi une reprise difficile après une fermeture de près de deux mois à la suite de la révolte populaire qui a renversé le président Hosni Moubarak, reflétant la fragilité de l'économie égyptienne.

Une minute après son ouverture, la Bourse chutait de 9,93% et les opérations étaient suspendues pour une demi-heure afin de limiter les dégâts. Cette mesure exceptionnelle avait été prévue par les autorités en cas de pertes importantes.

Elle a clôturé sur une baisse de 8,92% après trois heures d'échanges. Les actions du géant des télécoms Orascom ont toutefois fini en hausse de 6%.

«La baisse est très inférieure à ce à quoi nous nous attendions tous», a toutefois affirmé lors d'une conférence de presse Mohammed Abdel Salam, chargé de présider la Bourse après la démission de son prédécesseur Khaled Siam.

«Cette baisse reflète ce que l'économie a perdu dernièrement», a-t-il ajouté, assurant que la Bourse resterait ouverte. «J'ai une grande confiance dans le marché et les investisseurs égyptiens», a-t-il poursuivi.

L'économie a été très affectée par les 18 jours de révolte ayant abouti à la démission de M. Moubarak et la remise de ses pouvoirs à l'armée.

La Bourse avait clôturé le 27 janvier, deux jours après le début du soulèvement, sur une baisse de plus de 10% et des pertes de 70 milliards de livres (environ 12 milliards de dollars) en deux jours. Sa réouverture a été repoussée à plusieurs reprises.

Le pays a connu une vague de grèves et de revendications sociales qui sont venues s'ajouter à la chute du tourisme, l'une des principales sources de revenus du pays.

Il y a une semaine, l'agence de notation Moody's a dégradé pour la seconde fois en moins de deux mois la note de l'Égypte, désormais ramenée à «Ba3».

Cette note a été assortie d'une perspective négative, ce qui implique qu'elle est susceptible d'être dégradée à court terme, selon Moody's, qui explique sa décision par «l'incertitude prolongée en Égypte» et les «préoccupations quant à la possibilité d'effectuer une transition effective et stable».

Les autorités égyptiennes ont tenu à afficher leur optimisme ces derniers jours, mais quelques minutes avant l'ouverture de la Bourse, le ministre des Finances Samir Radwane a lancé un appel pressant aux investisseurs à ne pas vendre.

«Ayez les nerfs solides. Ne vendez pas en masse. Tous les indicateurs disent que l'économie va se redresser rapidement», a-t-il déclaré.

«Dans votre intérêt, ne vendez pas. Soyez patients, Dieu est avec ceux qui sont patients», a renchéri M. Abdel Salam.

La Bourse devait rouvrir avant le 28 mars pour éviter d'être rayée de la liste des indices internationaux.

La place boursière n'a pas ouvert plus tôt parce que la situation en Égypte «n'a pas atteint l'amélioration que nous imaginions, bien que les choses s'améliorent tous les jours», a récemment expliqué M. Radwane.

Son ministère a indiqué dans un communiqué mardi que le gouvernement prenait toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Bourse et protéger les petits investisseurs.

Un responsable gouvernemental, Hani Sarieddine, a affirmé sur la page officielle du cabinet sur Facebook que des organismes gouvernementaux allaient acheter des actions en utilisant leur excédent budgétaire pour soutenir la Bourse.

La banque d'investissement égyptienne EFG Hermes a estimé que la Bourse pourrait chuter de 20 à 30% pendant les premières semaines suivant sa réouverture et qu'elle récupèrerait lentement.

Cela dépendra «du rythme des développements politiques et de l'étendue du redressement économique», selon la banque.