Le Parti québécois demande au gouvernement Charest de créer un régime d'épargne-retraite automatique avec droit de retrait pour tout travailleur qui ne bénéficie pas déjà d'un régime de retraite avec son employeur. L'ancien ministre libéral Claude Castonguay appuie cette proposition, lui qui préconisait plutôt un REER obligatoire dans une étude rendue publique en janvier.

«L'option de retrait est une amélioration par rapport à la proposition que j'avais faite et qui avait surtout pour but de lancer le débat. Je savais que la proposition était perfectible, qu'on pouvait l'aménager au besoin. Lorsque j'ai présenté le rapport, mon but était surtout de faire comprendre à la population qu'il y a un problème majeur et que les gens doivent épargner», a expliqué M. Castonguay, aux côtés du député péquiste François Rebello, hier à Québec.

Selon son étude, 60% des travailleurs ne pourront maintenir leur niveau de vie à la retraite. À peine le tiers des travailleurs québécois participent à un régime de retraite. Le quart cotise à un REER chaque année. Les aînés tirent à peine 2% de leurs revenus du REER, une proportion en constante diminution.

Ce «cri d'alarme» de Claude Castonguay a amené le député péquiste François Rebello à proposer une solution à son parti: le régime d'épargne-retraite automatique avec droit de retrait. Tout travailleur dont le revenu d'emploi est supérieur à 30 000$ cotiserait automatiquement au REER. Mais il aurait le droit de se retirer du régime. Les cotisations seraient déductibles d'impôt.

Selon François Rebello, le principe de l'adhésion automatique avec option de retrait est un bon compromis «entre une approche obligatoire paternaliste et la liberté individuelle totale qui ne donne pas de bons résultats». Claude Castonguay note d'ailleurs que l'État ne peut plus se fier comme avant sur les employeurs pour créer de nouveaux régimes de retraite ou sur les travailleurs pour épargner de façon suffisante.

Le gouvernement Charest avait enterré l'idée du REER obligatoire dès que Claude Castonguay l'avait lancée en janvier. Cette fois, il estime «intéressante» la proposition péquiste appuyée par M. Castonguay. «Ça peut être envisageable», a dit Nicolas Murgia, attaché de presse de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet. En début d'année, Mme Boulet avait indiqué qu'un projet de loi serait déposé au cours de la présente session pour créer un régime volontaire multiemployeurs. Le PQ reproche au gouvernement de tarder à présenter des mesures pour favoriser l'épargne.

La formule que le PQ préconise s'apparente aux KiwiSavers lancés en 2007 en Nouvelle-Zélande et au National Employment Savings Trust (Nest) qui verra le jour en 2012 au Royaume-Uni.

Au Royaume-Uni, les travailleurs devront verser au moins 4% de leur salaire dans le Nest. Leur employeur ajoutera au moins 3% et l'État fournira un bonbon fiscal équivalent à 1%.

En Nouvelle-Zélande, tous les nouveaux travailleurs adhèrent automatiquement au KiwiSaver, un régime de retraite offert par leur employeur. Mais ils ont le droit de s'en retirer au cours des premières semaines suivant leur embauche. Les contributions minimales sont de 4% du salaire, partagées entre l'employeur et l'employé.

Au départ, le gouvernement offrait aussi un crédit de 1000$ pour décourager les travailleurs de se retirer des KiwiSavers. Mais cet avantage a été abandonné, étnt donné le vif succès remporté par le programme auquel participe près d'un million et demi de travailleurs actuellement.

C'est aussi l'avis du Groupe de travail sur la littératie financière, formé par le ministre des Finances du Canada. Dans son rapport publié en février, le Groupe a recommandé que «les employeurs offrent des programmes et des outils d'épargne automatique afin d'encourager les Canadiens à pratiquer l'épargne durant toute leur vie».

Des études ont démontré qu'un mécanisme d'épargne automatique, assorti d'une option de retrait pour ceux qui refusent de participer, permet d'obtenir rapidement un taux de participation de presque 100%, comparativement à seulement 65% après trois ans avec une formule classique d'épargne volontaire.