Ça n'a pas pris beaucoup de temps. Quelques jours ont suffi après l'explosion du 20 avril sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon pour que plusieurs actions en justice soient déposées contre la société BP et ses sous-traitants par les pêcheurs et ceux qui possèdent des propriétés sur les côtes du golfe du Mexique. Aujourd'hui, on en compte des centaines devant au moins six tribunaux fédéraux des États côtiers américains. Et ce n'est qu'un début...

Alors que BP se démène sous l'eau pour tenter d'éradiquer la fuite de pétrole, une autre bataille a lieu sur la terre ferme: celle qui oppose des dizaines de cabinets d'avocats. Ils luttent pour séduire les plaignants - et clients potentiels - et les convaincre de signer avec eux.

Il faut dire que les enjeux financiers sont colossaux pour les avocats américains qui viennent de passer presque trois années de vaches maigres. Pour eux, cette marée noire pourrait très vite devenir une marée d'or.

En effet, alors que les coûts de nettoyage pourraient s'élever à BP jusqu'à 23 milliards US, on estime que la société pourrait devoir verser jusqu'à 14 milliards US de plus en frais juridiques. Pas étonnant que les avocats internes de BP soient particulièrement silencieux ces jours-ci: ils doivent être absorbés dans de savants calculs.

Si les avocats peuvent espérer faire beaucoup d'argent avec cette catastrophe à la fois écologique et économique, c'est qu'une multitude de facteurs sont en jeu. Et qu'il faudra bien du temps pour régler. Or, que vendent les avocats? Du temps justement, et ils le vendent plutôt chèrement.

Souvenons-nous du naufrage de l'Exxon Valdez en Alaska, en 1989; il a fallu 20 ans pour clore la procédure et que l'argent arrive dans les poches des victimes. Il en a coûté environ 1 milliard à Exxon pour régler les litiges civils et criminels; on s'attend à beaucoup plus pour BP.

«BP devra se battre devant les tribunaux durant des décennies», a déclaré la fin de semaine dernière dans le Globe and Mail Robert Bryce, spécialiste du Manhattan Institute.

Sur le terrain, plusieurs cabinets d'avocats sont déjà en action. Ils se concurrencent en ligne et offrent des consultations gratuites et des rencontres «sans obligation» à quiconque pense avoir une cause contre BP.

Taylor Martino Zarzaur, un cabinet «mobile» de l'Alabama, publie sur son site une photo de la plate-forme Deepwater Horizon en flammes et invite les personnes ou entrepreneurs qui estiment avoir subi un dommage à prendre contact avec lui sur-le-champ. Il leur rappelle aussi que le cabinet «représente les victimes d'accidents depuis plus de 25 ans».

Sur YouTube, des dizaines d'avocats commentent l'affaire et analysent les enjeux juridiques. Certains en profitent carrément pour inviter les victimes à les joindre.

D'autres cabinets ont décidé de jouer la carte du regroupement. Ainsi, gulfcoastoildisaster.com vient tout juste d'être créé par des firmes dont le nom demeure anonyme. Ces cabinets sont de la Louisiane, de la Floride, du Mississippi et de l'Alabama, tous des États touchés. Sur le site, on apprend en quoi et comment chacun des États est affecté par la catastrophe... et comment ces avocats peuvent aider ceux qui se croient victimes de la marée noire...

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