Avec les allégations de collusion qui ont éclaté dans le secteur de la construction l'an dernier, le domaine de l'ingénierie a été éclaboussé.

Déjà, on pose des gestes concrets pour tenter de restaurer la confiance.

«On a souvent rappelé aux ingénieurs dernièrement que s'ils voyaient quelque chose de pas correct, leur code de déontologie les obligeait à aviser l'Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). Ils ont entendu le message», affirme François P. Granger, président du Réseau des ingénieurs du Québec (RéseauIQ).

En effet, à l'OIQ, le nombre de demandes d'enquête a doublé cette année, comparativement à l'année dernière.

«Nous avons dû déployer des ressources additionnelles pour répondre aux demandes. D'ailleurs, pour chaque plainte, l'OIQ se doit d'ouvrir une enquête», affirme Maud Cohen, présidente de l'OIQ.

En plus de mener des enquêtes, elle croit maintenant qu'il est nécessaire de remettre les choses en perspective pour restaurer la confiance du public.

«Nous avons 59 000 membres dont seulement 10 000 ou 12 000 font du génie-conseil. Parmi eux, une portion seulement fait des travaux d'infrastructure pour des municipalités. Et là encore, parmi ces personnes, toutes ne sont pas visées par les allégations de collusion. Or, en ce moment, toute la profession est affectée», s'inquiète-t-elle.

Le mois dernier, le RéseauIQ a rendu publics les résultats d'un sondage mené auprès de ses membres qui révélait que 96% se disent alarmés par les dommages que les allégations de collusion dans le domaine de la construction infligent à la réputation des ingénieurs.

«D'ailleurs, deux tiers des personnes sondées affirment avoir été directement témoin ou avoir entendu parler de cas de favoritisme dans le domaine de la construction, en dehors de ce qu'ils ont pu lire dans les médias. Nos membres veulent que la lumière soit faite et ainsi, 83% se sont prononcés en faveur d'une commission d'enquête publique», affirme M. Granger.

Dans quel but ? Pour arriver à réviser à fond les processus d'appels d'offres (84%), pour identifier d'éventuels responsables impliqués dans des cas de corruption (81%) et enfin, pour dénoncer l'existence d'un système organisé dans le domaine de la construction (70%). Les deux tiers des ingénieurs sondés croient que ce processus aiderait à redonner confiance au public.