Les victimes d'Earl Jones pensaient soulager une partie de leurs souffrances financières avec la vente des quatre condos du fraudeur. Or, voilà que la femme d'Earl Jones, Maxine Heayberd Jones, réclame sa part du gâteau.

Hier, une requête à ce sujet a été déposée en Cour supérieure de la part du syndic de faillite RSM Richter. Le syndic réclame que la cour tranche le litige qui l'oppose à Maxime Heayberd Jones concernant le produit de la vente des quatre condos.

Essentiellement, le syndic affirme que le fruit de la vente des condos doit revenir entièrement aux victimes, puisque ces propriétés ont été achetées avec leur argent. Maxine Heayberd Jones, en instance de divorce, soutient plutôt qu'elle a droit à la moitié des deux condos du Québec et du condo floridien et à 100% du condo de Hyannis, au Massachusetts, selon le syndic.

«Madame prétend qu'elle a des droits sur les propriétés. Elle veut s'asseoir avec le syndic pour en discuter, mais elle demande qu'on prouve que les victimes ont les pleins droits sur les propriétés. De notre côté, nous croyons que le produit de la vente des condos doit être entièrement versé au bénéfice des victimes», a expliqué à La Presse Affaires Neil Stein, avocat du syndic.

Rappelons que, le 15 janvier, Bertram Earl Jones s'est déclaré coupable d'une fraude estimée à 50 millions de dollars qui aurait touché au moins 158 victimes. Il pourrait écoper de 11 ans de prison.

RSM Richter et Maxine Jones se sont entendus pour mettre les propriétés en vente. Reste à voir à qui sera versé l'argent. Selon les témoignages et les documents bancaires, le syndic juge que les mises de fonds, les versements hypothécaires et les dépenses d'entretien des propriétés ont été puisés à même le compte Earl Jones in Trust, de la Banque Royale. Il s'agit du compte où ont été canalisés les fonds des victimes depuis 25 ans.

Le condo de Dorval a été acheté en octobre 1999 pour la somme de 329 428$. Maxine Jones soutient qu'elle a droit à 50% de sa valeur nette. Le condo a récemment été mis en vente pour 925 000$.

Le couple s'est porté acquéreur du condo de Mont-Tremblant en octobre 2003 pour la somme de 334 640$ (50% à Mme Jones). Les deux propriétés canadiennes ont toutefois été grevées de lourdes hypothèques en 2006.

En Floride, le condo de Boca Raton a été acheté en 1992 pour la somme de 140 000$. Encore une fois, Mme Jones estime qu'elle a droit à 50% de sa valeur nette. Quant à la copropriété de Hyannis, au Massachusetts, elle a été acquise en janvier 1997 moyennant 162 300$ et placée dans une fiducie gérée par Maxine Jones pour le compte de la bénéficiaire Kimberly Jones, une des deux filles du couple.

Dans son témoignage devant le syndic, en novembre, Maxine Jones affirmait qu'elle s'occupait de payer les dépenses mensuelles du couple sans poser de question sur la provenance des fonds. Les chèques mensuels de son mari pour de telles dépenses, qui variaient entre 10 000$ et 35 000$ par mois, portaient l'en-tête «Earl Jones in Trust», selon le syndic. Hier, le syndic a donc demandé à la cour de déclarer que Mme Heayberd Jones n'a aucun droit sur les propriétés. Le syndic veut également forcer Mme Jones à signer tous les documents requis à cette fin. Au moment de mettre sous presse, Leonard Kliger, l'avocat de Mme Jones, n'avait pas rappelé.