Plusieurs projets hydroélectriques en chantier, revendications autochtones, enthousiasme du gouvernement de Jean Charest à mettre en valeur le nord du 49e parallèle à travers le Plan Nord: sans aucun doute, le Grand Nord québécois est d'actualité.

Mais d'abord, de quoi parle-t-on réellement lorsqu'on parle du nord du 49e parallèle?

«On parle de 70% de la superficie du Québec, soit environ 1,1 million de km carrés. On parle aussi de 128 000 habitants, répartis dans 66 localités», explique Pierre Corbeil, ministre québécois responsable des Affaires autochtones.

Certaines parties du territoire sont conventionnées - Convention de la Baie-James et du Nord québécois (Cris et Inuits), Convention du Nord-Est (Naskapis) - d'autres non.

Le secteur visé comprend plusieurs hectares de forêt boréale, mais aussi quelques villes importantes comme Sept-Îles, Baie-Comeau et Chibougamau.

Et qu'est-ce qu'on compte y faire exactement? Il semble que le plan soit encore en développement. Il appert toutefois, à la lumière des des annonces faites par le premier ministre Jean Charest lors de la dernière compagne électorale, qu'on cible quelques grands volets.

D'abord, l'énergie. En plus des 4500 MW prévus dans la Stratégie énergétique du Québec, le gouvernement québécois a l'intention d'ajouter une puissance de 3500 MW avec le Plan Nord, pour un total de 8000 MW d'ici 2035. De quelles façons?

En plus de miser sur de nouveaux projets hydroélectriques, le Parti libéral s'est engagé à ce que 20% des 3500 MW proviennent de l'éolien et de nouvelles sources d'énergie de rechange, comme le solaire.

Ensuite, le secteur minier. Quelque 4000 nouveaux emplois devraient être créés d'ici 10 ans grâce à l'amélioration du soutien à l'exploration et à l'adaptation de la formation de la main-d'oeuvre aux réalités de l'industrie minière.

Développement durable

Le premier ministre a aussi annoncé que le développement du Nord ne se ferait pas au détriment de l'environnement. En ce sens, il s'est engagé à mettre 50% du territoire du Plan Nord à l'abri du développement industriel, minier et énergétique.

Claude Béchard, ministre des Ressources naturelles et de la Faune, souligne que le Plan Nord entraînera tout un changement d'approche en ce qui a trait au développement de projets.

«Avant, pour construire un barrage hydroélectrique, par exemple, le gouvernement regardait son prix de revient au kilowattheure. Maintenant, on regardera aussi les possibilités d'autres projets à proximité, comme des parcs éoliens ou des mines. Nous regarderons aussi les projets impensables il y a 40 ans qui pourraient désormais être envisageables en raison du réchauffement de la planète. L'approche de développement sera beaucoup plus intégrée», affirme-t-il.

Et où ces sites aux multiples projets pourraient-ils être mis en valeur? «Hydro-Québec présentera en août les points stratégiques qui ont un grand potentiel de développement, mais on tiendra aussi compte des propositions des différentes communautés autochtones», précise-t-il.

Si la plupart des projets du Plan Nord ne sont pas encore définis, le dernier budget provincial prévoit tout de même 698 millions pour des travaux de réfection de la route 389 entre Baie-Comeau et Fermont, et pour prolonger la route 167 de Chibougamau vers les monts Otish.

«Cette route donnera accès à la mine de diamants Renard et sera intéressante pour les communautés de l'est du territoire de la Baie-James», indique Raymond Thibault, président-directeur général de la Société de développement de la Baie James (SDBJ).

Le gouvernement du Québec a aussi annoncé l'investissement de 106 millions sur cinq ans pour les aéroports du Nord afin de permettre un meilleur approvisionnement en vivres des populations éloignées.

«Entre autres, on améliorera l'aéroport de Puvirnituq pour qu'il puisse recevoir de gros porteurs", se réjouit le ministre Pierre Corbeil.

Consultations

De grands projets donc, plusieurs millions investis, des enjeux importants et bien des gens concernés. À commencer par les Premières Nations.

Les différents représentants interviewés par La Presse se sont d'ailleurs montrés profondément contrariés de ne pas encore avoir été consultés par le gouvernement en ce qui a trait au Plan Nord.

«Si vous me demandez ce qu'est le Plan Nord, je ne sais pas quoi vous répondre. C'est trop flou», dit Ghislain Picard, chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador. Le processus de consultation pourrait donc s'annoncer épineux.

Toutefois, si le gouvernement maintient ses engagements en matière de protection du territoire, il pourrait très bien trouver de nouveaux alliés, notamment du côté des groupes environnementalistes.