L'Association des femmes en finance du Québec en est déjà à son quatrième gala.L'effervescence du tout premier, une soirée que j'avais d'ailleurs eu le plaisir d'animer, semble pourtant encore tout proche. C'était en avril 2006.

En cette soirée de première, j'avais tenu à souligner l'intention de Michel Audet, alors ministre des Finances du Québec, d'inscrire dans une loi une mesure qui obligerait les conseils d'administration des sociétés d'État d'être constitués à part égale d'hommes et de femmes.

De projet, cette réforme fait désormais force de loi. Non seulement les femmes sont-elles aujourd'hui plus nombreuses sur les conseils des sociétés telles qu'Hydro-Québec, Loto-Québec ou la Société des alcools, mais une candidature féminine a été sérieusement considérée pour diriger la Caisse de dépôt et placement du Québec.

«C'est tout un progrès, souligne Andrée Corriveau, présidente fondatrice de l'Association des femmes en finance du Québec. La candidature de Christiane Bergevin, qui siège déjà au conseil de la Caisse, a bel et bien été examinée. Même si elle n'a pas été choisie, c'est quand même important de le rappeler. Il n'y a pas si longtemps, une telle chose n'aurait pas été imaginable.»

En trois ans, les femmes ont effectivement pris de plus en plus de place dans le milieu des affaires.

«L'article 43 de la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État a fait beaucoup pour augmenter le nombre de femmes sur les conseils d'administration», ajoute Mme Corriveau.

Cela dit, la décision du premier ministre Charest de donner un siège de ministre à autant de femmes que d'hommes est encore plus importante aux yeux d'Andrée Corriveau.

«Le message envoyé est très puissant. Ce que ça veut dire, c'est que les femmes sont capables d'assumer d'importants postes décisionnels. Si le gouvernement fait sa part, je ne peux pas en dire autant du secteur privé, déplore la présidente. Le nombre de femmes sur les conseils d'administration est ridiculement faible. Pourtant, ce n'est pas parce qu'il n'existe pas de candidates valables. Bien au contraire.»

Un bottin a d'ailleurs été créé avec pour objectif de répertorier les noms de femmes dont l'expertise professionnelle et l'expérience en font des candidates de choix pour faire partie de conseils d'administration de sociétés. Les noms de 222 Québécoises figurent dans cet annuaire intitulé Femmes de tête et publié deux fois par année depuis 2004.

Ce n'est sans doute qu'une question de temps avant que les entreprises du privé s'ouvrent davantage aux candidatures féminines. Une chose est certaine, les femmes comprennent mieux l'importance du réseautage.

«Je crois que de plus en plus de femmes se rendent comptent que d'avoir des contacts dans d'autres secteurs que celui où elles évoluent est payant à tous les points de vue», se réjouit Andrée Corriveau.

La popularité croissante de l'Association des femmes en finance témoigne de cette prise de conscience. Créée en 2002 comme premier chapitre international de la prestigieuse Financial Women's Association de New York, ce regroupement compte aujourd'hui près de 300 femmes qui occupent des postes de haut niveau dans le domaine de la finance du Québec.

La tenue de ce quatrième gala, aujourd'hui même, coïncide avec une année plutôt riche pour l'avancée des femmes, tant dans le milieu de la finance qu'au sein de la grande entreprise.

Mentionnons d'abord la nomination de Monique Leroux à la tête du Mouvement Desjardins. Pour la première fois, une femme a été élue pour diriger la plus importante institution financière au Québec.

Que dire maintenant du choix de Jacynthe Côté pour prendre les rênes de Rio Tinto Alcan, la plus importante aluminerie au monde? Cette nomination couronne le parcours remarquable de Mme Côté.

Ces deux femmes arrivent à la direction d'entreprises d'envergure alors que le monde traverse l'une des pires crises économiques depuis la Grande Dépression.

Elles auront besoin de nombreux appuis et du soutien que procurent les réseaux, comme celui de l'Association des femmes en finance.