Louise, 32 ans, en a plein le dos de son travail de réceptionniste. En 2008, elle a pris une bonne résolution: retourner à l'université pour finir ses études en administration, qu'elle regrettait d'avoir laissé tomber après un an, dans sa jeune vingtaine.

Au lieu de s'endetter, Louise a décidé d'utiliser le Régime d'encouragement à l'éducation permanente (REEP), un outil peu connu.

Pour financer son retour aux études, elle peut puiser jusqu'à 20 000$ à même ses REER, pour un maximum de 10 000$ par année.

Cette somme est insuffisante pour assurer sa subsistance pendant un an, mais les règles de Revenu Canada permettent à son conjoint, Robert, de participer lui aussi au REEP à la hauteur de 20 000$.

Il pourra utiliser ses REER pour aider Louise à financer ses études sans subir d'impact fiscal.

La jeune femme disposera ainsi de 20 000$ par année, non imposables, pour retourner sur les bancs de l'université.

Elle n'aura pas à se soucier de devoir rembourser un prêt avec intérêts à la fin de ses études.

Au moment de remettre l'argent dans ses REER, elle devra rembourser le dixième du total chaque année. Pour 20 000$, elle devra donc rendre 2000$ par an.

Ce remboursement sera comptabilisé par le gouvernement séparément de nouvelles contributions à ses REER qu'elle pourrait souhaiter faire.

Pertes de rendement vs gain de salaire

Avant d'opter pour le REEP, il faut considérer que l'argent ne fructifie pas pendant les années où il est retiré des REER.

«Il y a un impact sur la retraite. Si la personne est jeune et prend tout son temps pour rembourser, elle peut perdre jusqu'à quinze ans sur le rendement de son REER», prévient Marguerite Pernice, directrice principale gestion personnalisée, à la Banque nationale.

Mais le jeu en vaut la chandelle, croit Benoît Parenteau, comptable agréé et conseiller en placements avec le groupe Option retraite.

«Ça vaut la peine, si ça permet à une personne de faire un métier qu'elle aime, d'aller chercher un salaire plus élevé et de meilleurs avantages sociaux», dit-il.

Les questions à se poser sont: quel sera l'impact sur la retraite, et le diplôme additionnel sera-t-il rentable?

Prenons l'exemple de Louise. Elle gagne 30 000$ par année comme réceptionniste.

Si elle obtient le salaire moyen d'un bachelier en administration grâce à son diplôme, soit 40 000$, elle aura gagné au moins 280 000$ de plus au total, en prenant sa retraite à 60 ans.

Et ce, sans tenir compte des augmentations de salaire éventuelles.

Pour évaluer si le REEP est un bon choix par rapport à un prêt personnel, Benoît Parenteau conseille un calcul simple.

Il faut comparer le rendement de son portefeuille REER avec le coût d'un prêt.

Si le prêt coûte 7% et que le portefeuille rapporte 5%, on est mieux d'utiliser le REEP que d'emprunter.

Mais si le rendement dépasse le coût de l'emprunt, ça ne vaut pas la peine.

Avec un REER qui rapporterait 12%, ce serait mieux de laisser l'argent là où il est.

Selon lui, l'avantage principal du REEP est qu'il s'agit d'une solution sans casse-tête.

«Il offre beaucoup de flexibilité et n'a pas d'impact fiscal», dit-il.

De plus, ajoute le comptable, il n'est pas nécessairement avantageux de vouloir rembourser le REEP plus rapidement que le dixième annuel prévu, puisqu'on ne paie pas d'intérêts.

«Si vous aviez pris 5000$ pour votre REEP et que vous avez cette somme à votre disposition, vous êtes bien mieux de ne rembourser que le 500$ minimum et de mettre 4500$ supplémentaires dans vos REER, puisque les règles le permettent», M. Parenteau.

Par ailleurs, si on a des cotisations inutilisées et qu'on n'a pas suffisamment d'argent dans ses REER pour financer ses études, il pourrait être avantageux de contracter un prêt REER pour bénéficier du remboursement d'impôt, selon sa situation financière.

Mais dans ce cas, on devra attendre 90 jours avant de toucher à l'argent pour qu'il soit admissible au REEP.

LE REEP EN RÉSUMÉ

Limite annuelle de 10 000$ par année et de 20 000$ au total pour chaque REEP.

Vous pouvez participer au REEP de votre conjoint, et vice-versa.

On peut additionner le REEP des deux conjoints pour financer les études d'un seul des deux, soit accumuler un total de 40 000$.

Vous ne pouvez pas utiliser le REEP pour vos enfants.

Vous avez 10 ans pour remettre dans vos REER les montants retirés.

Vous devez verser chaque année 1/10 du total des montants retirés.

Vous ne payez pas d'intérêts sur les sommes retirées.

La période de remboursement peut commencer de deux à cinq ans après le premier retrait pour un REEP, selon les cas.

Vous pouvez commencer à rembourser vos retraits avant le début de la période de remboursement.

Pendant la période de remboursement, les montants non remboursés en respectant le minimum annuel devront être inclus dans la déclaration de revenus et seront imposables.

Pour être admissible, on doit étudier à temps plein dans un programme de formation admissible, dans un établissement d'enseignement agréé, pendant au moins trois mois consécutifs.

Les programmes admissibles sont ceux où l'on est reconnu comme étudiant à temps plein par un collège, une université ou un autre établissement d'enseignement agréé.

* SOURCE:Source: Revenu Canada