Si les chercheurs se cassent encore les dents sur la découverte d'un vaccin, les choses s'améliorent constamment avec la trithérapie, cette combinaison de médicaments qui ralentit la progression du sida.

«Depuis qu'elle est arrivée en 1996, elle connaît un succès incroyable, affirme le Dr Réjean Thomas. On est partis de médications comprenant de 15 à 20 comprimés par jour à certaines trithérapies comprenant un seul comprimé par jour.»

Les comprimés uniques combinent les trois médicaments nécessaires au traitement et ont une durée de vie de près de 24 heures. Autrement dit, au lieu que ce soit la personne qui prenne ses comprimés matin, midi et soir, c'est le médicament qui libère les molécules de ses différentes composantes à intervalles réguliers.

La trithérapie ralentit la multiplication du sida dans le sang. «En 2001, avec la trithérapie, environ 50% des malades de la clinique L'Actuel avaient une charge virale indétectable. Maintenant, nous sommes rendus à 90%», dit le Dr Thomas.

D'autres améliorations ont permis de réduire les effets secondaires.

Au Québec, le plus récent médicament sur le marché est l'Atripla. Un seul comprimé par jour a une durée de vie de 24 heures. Ce médicament a été homologué par Santé Canada en octobre 2007 et est couvert par la RAMQ.

Le succès de la trithérapie a cependant eu pour effet de banaliser la maladie. Devenue non mortelle dans bien des cas, du moins en Amérique du Nord, elle suscite moins d'intérêt. Et la lutte contre le sida en pâtit, croit le Dr Thomas.

Il prend pour exemple le budget québécois de la santé publique voué à la prévention pour 2005-2006. «Sur une somme de 3 318 000$, 44% allait à la prévention auprès des usagers de drogues injectables, qui représentent 20% des nouveaux cas. Et seulement 13% du budget de prévention allait aux gais, qui représentent 60% des nouveaux cas d'infection.»

Trithérapie :

Ensemble de trois médicaments qui sont des antiviraux et qui empêchent, à différents niveaux, le cycle de reproduction du VIH. La combinaison des médicaments améliore progressivement la réponse du système immunitaire, ce qui a pour effet de ralentir la multiplication du virus. On l'utilise aussi pour le traitement d'autres maladies.

Charge virale :

La charge virale est le nom donné à la mesure de la quantité de VIH dans l'organisme. On la calcule selon le nombre d'unités (ou copies) de VIH par millilitre de sang. Le nombre d'unités permet de déterminer la progression de l'infection. Plus le nombre est élevé, plus la maladie progresse. Lorsque le virus est présent dans l'organisme mais qu'on ne peut le détecter, parce que le nombre d'unités par millilitre de sang est très bas, on parle de charge virale indétectable.