Selon le plus récent bulletin Flash grippe du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, moins de 100 cas de grippe étaient confirmés au 21 décembre. À pareille date l'an dernier, près de 7000 cas de grippe avaient été enregistrés.

« Ces chiffres confirment ce que nous voyons depuis l'automne au Canada et aux États-Unis : la grippe n'a pas encore commencé », résume le Dr Gaston De Serres, médecin épidémiologiste à l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

Même si c'est la première fois en cinq ans que la grippe épargne les Québécois durant le temps des Fêtes, la situation n'est pas exceptionnelle, selon le Dr De Serres. « Dans les années précédant la pandémie de 2009, nous avons vécu des éclosions de grippe en janvier, voire au début de février », dit-il. Mais comment expliquer que la grippe apparaisse plus tard ou plus tôt selon les années ? « C'est un phénomène très intéressant... On ne le sait pas », affirme le Dr De Serres.

Le désastre de 2014-2015

Comparativement à cette année, l'épidémie de grippe 2014-2015 avait frappé tôt et avait été particulièrement violente. Certaines souches en circulation ne correspondaient pas à celles comprises dans le vaccin antigrippal, si bien que l'efficacité du vaccin a été de 0 % sur certaines souches. En janvier, 6900 décès ont été enregistrés au Québec, un nombre record dans l'histoire récente de la province. La grippe a fortement grossi ce nombre, a-t-on appris l'automne dernier dans Le bilan démographique du Québec.

Tests diagnostics positifs à l'influenza

• Décembre 2014: 37 %

• Décembre 2015: 1 %

Quelles conclusions tirer ?

Le Dr De Serres est bien clair : le fait que la grippe arrive plus tard cette année ne veut pas dire qu'elle sera moins violente. Il est également encore trop tôt pour savoir si les souches d'influenza en circulation correspondront à celles contenues dans le vaccin antigrippal, et donc si ce vaccin sera efficace. La population doit donc être patiente. Car même si la grippe n'est pas arrivée, elle ne saurait tarder, selon le Dr De Serres. « Une année sans épidémie de grippe, ça ne s'est jamais vu ! », dit-il. « On s'attend à une saison moins forte que l'an dernier. Mais nous attendons assurément le début de la saison de la grippe, qui n'est pas encore commencée », remarque le président de l'Association des médecins d'urgence du Québec, le Dr Bernard Mathieu.

Le calme dans les urgences

Plusieurs salles d'urgence sont actuellement plus calmes que d'habitude dans la province. Hier, les urgences du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine présentaient un taux d'occupation d'à peine 31 %. L'an dernier, ce taux avait atteint 275 % à la fin de décembre. Dans l'ensemble des hôpitaux montréalais, seulement 3 % des consultations aux urgences sont faites pour des symptômes d'allure grippale, alors que cette proportion atteignait 11 % l'an dernier. « Aujourd'hui, il y a seulement deux patients avec des symptômes d'allure grippale au CHUM », notait hier la porte-parole de l'établissement, Joëlle Lachapelle. Aux urgences de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont où il travaille, le Dr Mathieu note que l'achalandage est tout de même élevé. « Les gens consultent pour autre chose que la grippe, mais ils sont tout de même malades. Je ne traite pas beaucoup de petits cas », dit-il.

Taux d'occupation de quelques urgences montréalaises hier

• Centre hospitalier de l'Université de Montréal: 117 %

• Hôpital général juif Sir Mortimer B. Davis: 142 %

• Hôpital du Sacré-Coeur: 107 %

• Hôpital de Montréal pour enfants: 92 %

• Cité-de-la-Santé de Laval: 136 %

• Centre universitaire de santé McGill: 130 %

• Hôpital Maisonneuve-Rosemont: 154 %