Les syndicats du réseau de la santé sont complètement outrés par l'offre patronale, présentée mercredi, aux travailleurs du milieu. Lors d'une rencontre avec La Presse, hier, les syndicats représentant les 450 000 travailleurs du réseau ont longuement exposé leurs revendications.

«Ces nouvelles annonces s'ajoutent au gel salarial, au prolongement de l'âge de la retraite, aux compressions dans le réseau et aux méga-changements de structures annoncés. Nos membres sont carrément en mode panique. Plusieurs envisagent de partir», affirme Martine Robert, première vice-présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).

«C'est tout simplement une gifle en plein visage», ajoute Richard Belhumeur, vice-président des services aux membres du Syndicat québécois des employées et employés de service (SQEES-FTQ).

La convention collective des travailleurs de la santé viendra à échéance en mars. Mercredi, le comité patronal de négociation a déposé ses offres. Québec dit vouloir notamment améliorer la présence au travail, accroître la flexibilité et la mobilité de la main-d'oeuvre et revoir les bénéfices pour mieux attirer les candidats.

Conditions de travail

Les syndicats déplorent qu'aucune offre concrète visant à améliorer les conditions de travail dans le réseau n'ait été déposée alors que la situation «dégénère depuis 10 ans». «Il faut que ça cesse, plaide Ginette Langlois, vice-présidente de la Fédération des professionnelles (FP-CSN). Les gens ont commencé à déserter le réseau et ce sera pire si rien n'est fait.»

Au cours des neuf dernières années, le ratio d'assurances salaire chez les employés du réseau de la santé est passé de 255 millions à 385 millions, expliquent les syndicats.

«Jamais on ne se demande pourquoi ça augmente et comment prévenir ça. Les employés sont au bout du rouleau. C'est pour ça qu'ils sont malades», remarque M. Belhumeur.

«Comment le gouvernement peut-il dire qu'il a à coeur la qualité des soins du réseau alors que plusieurs employés sont surchargés et mal en point?», ajoute Claire Montour, présidente de la Fédération de la santé du Québec (FSQ-CSQ).

Les syndicats soulignent que l'écart de rémunération entre les employés du public et du privé se creuse depuis des années, ce qui contribue à aggraver les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre. «On a déjà de la difficulté à retenir les employés qui sont là. Ça va être encore pire», estime Josée Marcotte, vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN)

Pour les syndicats, la population doit se sentir interpellée par les offres du gouvernement aux travailleurs de la santé. «Comment peut-on donner des services de qualité si on est surchargé et épuisé? Nos conditions de travail ont un impact sur les patients», explique Mme Langlois.

Mandat de grève

Par ailleurs, deux syndicats de la FSSS-CSN se sont dotés d'un mandat de grève, hier, pour protester contre les compressions qui touchent le réseau de la santé. Les employés du centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval et du Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine pourraient déclencher une grève à partir d'avril 2015 si les services à la population sont atteints.

Depuis quelques mois, différents CSSS du Québec annoncent des suppressions de postes pour satisfaire aux nouvelles exigences budgétaires de Québec. Au CSSS de Laval, plusieurs dizaines de postes ont été éliminés, selon la FSSS. «Nos membres ne peuvent accepter plus longtemps de voir les services à la population touchés par ces coupes», affirme la présidente du syndicat CSN du CSSS Laval, Marjolaine Aubé.

Le ministre de la Santé, Gaétan Barrette, estime qu'il est «normal» que les syndicats aient une réaction aussi «émotive» à ce stade-ci des négociations. «Nous sommes au tout début. Les syndicats ont des attentes auxquelles il est impossible de répondre. Nos propositions vont respecter la situation dans laquelle le Québec est», a expliqué le ministre en entrevue à La Presse.

M. Barrette invite les syndicats à s'asseoir à la table de négociations pour discuter des enjeux. «Il y a des solutions pour donner de meilleurs services à la population à un meilleur coût et nous allons les trouver ensemble», soutient le ministre.