Environ un militaire sur six a déjà souffert de troubles mentaux ou d'une dépendance à l'alcool, a révélé une étude de Statistique Canada lundi, alors que plusieurs demandent la mise en place de mesures proactives pour faire face au problème.

L'agence a sondé les membres à temps plein des forces canadiennes l'an dernier. Les résultats démontrent que près de 17% des militaires interrogés ont éprouvé des symptômes correspondant à au moins un trouble mental bien identifié.

Les forces armées tentent d'identifier les éléments qui ont mené à une série de suicides chez les militaires en 2013, et plus tôt cette année.

Un rapport publié l'automne dernier, qui a revu 38 enquêtes sur les suicides, a fait 74 recommandations différentes sur la manière de gérer le problème.

Il y a eu 25 suicides confirmés en 2011 et 17 morts de plus en 2012, selon le rapport.

L'enquête sur la santé mentale dans les Forces armées canadiennes s'est penchée sur les épisodes dépressifs majeurs, les troubles de stress post-traumatiques, les troubles d'anxiété généralisée ou de panique, les abus d'alcool, et la dépendance à l'alcool.

Un peu plus de cinq pour cent des personnes interrogées ont déclaré des symptômes correspondant au trouble de stress post-traumatique, alors que 4,7% ont déclaré avoir éprouvé des symptômes correspondant au trouble d'anxiété généralisée, et 3,4%, des symptômes correspondant au trouble de panique.

Les soldats ont aussi rapporté des problèmes de dépendance aux substances.

Des membres permanents interrogés, 2,5% ont indiqué abuser de l'alcool régulièrement tandis que deux pour cent ont affirmé être dépendants à l'alcool.

Les résultats de l'enquête sont par ailleurs relativement similaires à ce que l'Association canadienne pour la santé mentale avait déjà établi pour la population générale. Dans une enquête sur la santé mentale menée en 2011, l'Association concluait qu'un Canadien sur cinq allait souffrir de problèmes mentaux à un moment ou un autre dans sa vie.

L'épisode de dépression majeur a été le plus souvent signalé chez les militaires: huit pour cent des membres des forces armées ont souffert de symptômes qui y sont liés.

Le porte-parole du NPD en matière de défense nationale, Jack Harris, a qualifié les chiffres de Statistique Canada d'«alarmants». Il croit que le gouvernement doit prendre les mesures pour diminuer ces chiffres. «Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'ils n'obtiennent pas les traitements assez rapidement», a commenté M. Harris.

Les autorités militaires affirment que les soins nécessaires sont fournis aux membres des forces canadiennes qui demandent de l'aide.

Selon M. Harris, le gouvernement doit investir dans les programmes pour permettre aux soldats de faire face à leurs problèmes avant que ceux-ci ne deviennent impossibles à gérer, et pour diminuer les préjugés liés aux troubles mentaux. «Sur le plan militaire, ils s'attendent à ce que les soldats demeurent en forme et ils les aident à trouver des moyens de le faire d'un point de vue physique. La santé mentale est tout de même une partie importante pour réussir à faire leur travail. Je crois que le fait d'être prévoyant fonctionnerait au lieu d'attendre que les soldats se présentent en clinique.»