Des milliers de Montréalais ont effectué une sortie dominicale en famille hors de l'ordinaire dimanche: des étudiants en grève ont traîné parents, frères et soeurs jusqu'au centre-ville pour une manifestation festive et sans heurts.

Le trajet emprunté par le convoi n'avait toutefois pas été remis aux policiers.

Ils étaient 30 000 selon les organisateurs, au moins 5000 ou 6000 personnes selon des agents de police sur place. Les jeunes d'âge universitaire semblaient en minorité parmi les marcheurs.

Les manifestants ont atteint les bureaux montréalais du ministère de l'Éducation en fin d'après-midi, sous un soleil resplendissant. La Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) organisait la manifestation.

Gabriel Nadeau-Dubois, son porte-parole, s'est dit surpris par le nombre de participants qui se sont déplacés. «On est touchés de voir autant de gens descendre dans la rue avec nous», a-t-il dit.

Ils ne sont pas seuls

Léandre, lui, a refusé de marcher contre la hausse des frais de scolarité. Trop fatigant, semble-t-il. Du haut de ses «presque trois ans», le petit garçon a préféré observer le tout bien installé sur les épaules de son père, Stéphane Chênevert, qui battait le pavé.

«C'est un enjeu de société», a affirmé ce dernier pour expliquer sa participation à la manifestation des étudiants. La hausse des droits de scolarité et les efforts mis dans la lutte au décrochage scolaire créent «un message contradictoire» de la part du gouvernement, estime sa conjointe, Johanne Nasstrom, qui l'accompagnait.

Annick Nabot ne traînait pas sa fille sur ses épaules. Aude, une étudiante de l'Université de Montréal en grève depuis trois semaines, marchait aux côtés de sa mère, carré rouge sur le chandail.

«Je trouve que c'est bien que les étudiants ne soient pas seuls, que le reste de la population vienne donner son avis et contester», a fait valoir Mme Nabot.

D'autres manifestations familiales ont eu lieu en parallèle à Sherbrooke, Québec et Alma.

Poursuite contre la grève

Si certains descendent dans la rue pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis de la position du gouvernement Charest, d'autres souhaitent reprendre les cours au plus vite. Philippe-Olivier Daniel, étudiant à l'Université de Sherbrooke et président d'un groupe contre la grève, a même décidé de demander à des associations étudiantes de le compenser pour les cours qu'il aura manqués pendant le débrayage.

Il menace notamment de les traîner en justice si elles refusent de le dédommager ou continuent à prôner la grève comme moyen d'action. La Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Coalition pour solidarité syndicale étudiante (CLASSE) sont notamment visées par la mise en demeure.

Ces associations «ont conduit une campagne massive (et hautement médiatisée) de désinformation auprès de la population pour faire croire à un droit de grève illusoire (visant à perturber la tenue de cours) pour les associations et fédérations étudiantes», plaide M. Daniel via un communiqué de presse.