Le gouvernement Charest rendra disponible dès aujourd'hui une part des 2 milliards de dollars qu'il a promis aux entreprises touchées par la crise du crédit. Le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, dévoilera un nouveau programme d'aide, géré par Investissement Québec, pour contrer les effets du ralentissement économique.

«L'économie commande des gestes le plus rapidement possible. Et il y a des choses qu'on peut régler immédiatement «, a expliqué le premier ministre Jean Charest, hier, après la cérémonie de prestation de serment de 65 des 66 députés libéraux élus le 8 décembre Monique Jérôme-Forget étant absente. Un peu plus tôt, dans son discours au Salon rouge, M. Charest a dit vouloir «minimiser les rivalités partisanes» au sein du nouveau Parlement. Il faut «travailler tous ensemble pour soutenir nos travailleurs, protéger le pouvoir d'achat des familles, aider nos entreprises, stimuler notre économie par tous les moyens qui sont à notre portée «, a-t-il souligné.

Raymond Bachand annoncera aujourd'hui l'un de ces moyens, un nouveau programme de prêts et de garanties de prêts qui seront accordés aux entreprises par Investissement Québec. En campagne électorale, les libéraux ont promis que ce programme totalisera un milliard de dollars. Ils se sont également engagés à investir un autre milliard, en deux ans, pour augmenter le capital investi par la Société générale de financement dans des entreprises québécoises. « Il y a des mesures importantes pour soutenir l'économie qu'on doit mettre en oeuvre maintenant parce que les entreprises en ont besoin «, a souligné Raymond Bachand, qui a refusé de révéler les détails de son annonce. Les libéraux ont décidé de passer à l'action avant la séance extraordinaire de l'Assemblée nationale des 13, 14 et 15 janvier. Dans son discours, Jean Charest a dit avoir l'intention de « travailler avec les députés de l'opposition» pour «traverser la tempête économique». «Ce que les Québécois attendent de nous, c'est cette volonté de collaboration», a-t-il affirmé. «Dans notre système parlementaire, le rôle (des députés de l'opposition) est essentiel. Par leurs suggestions et leurs critiques, ils contribuent à une prise de décisions éclairées par le gouvernement. Ce choc des idées est nécessaire à notre démocratie. «

Appel à Ottawa

Devant les journalistes, Jean Charest a lancé un appel à Ottawa pour qu'il vienne en aide aux secteurs manufacturier et forestier. Selon lui, le fédéral doit également renoncer à modifier la formule de péréquation. «Ce n'est pas le temps d'aller jouer là-dedans «, a-t-il lancé. Le premier ministre demande en plus à Ottawa de modifier le programme d'assurance emploi pour permettre aux chômeurs de toucher des prestations pendant qu'ils suivent une formation. La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, présente les revendications du gouvernement à son homologue Jim Flaherty dans le cadre d'une rencontre fédérale-provinciale qui prend fin aujourd'hui à Saskatoon. Une rencontre des premiers ministres de tout le Canada aura lieu le 16 janvier sur le thème de l'économie. Le budget fédéral est attendu le 27. Dans son discours, le premier ministre a aussi lancé à l'ensemble de son équipe un appel au sens des responsabilités, au moment où chacun des députés libéraux promettait de travailler honorablement au service de tous les Québécois. Événement historique, surtout pour les nouveaux venus, la prestation de serment des députés a donné lieu à quelques moments d'émotion. Au moment de prêter serment, la nouvelle députée de Mille-Îles, Francine Charbonneau, n'a pas pu retenir quelques pleurs. Présidente de la Commission scolaire de Laval depuis 2002, élue pour la première fois le 8 décembre, elle a rapidement été consolée par le premier ministre, qui a tendrement essuyé les larmes sur les joues de sa nouvelle recrue.

Ovation

À l'appel du député de Kamouraska-Témiscouata, la salle entière s'est levée d'un mouvement spontané, pour lui offrir une émouvante ovation. Claude Béchard revient de loin. Atteint d'un cancer du pancréas, d'ordinaire virulent, opéré d'urgence en juin, le ministre est en complète rémission, et heureux d'être de retour au travail. «C'est très touchant d'être accueilli comme ça par ma grande famille politique. Ils m'ont manqué, et je pense que je leur ai manqué aussi un peu «, a dit le principal intéressé, peu après la cérémonie. S'il entame son retour au travail avec l'espoir de trouver «un meilleur équilibre « entre sa vie personnelle et professionnelle, il s'estime prêt à relever n'importe quel défi voire ministère, que le premier ministre voudra bien lui confier. «Il n'y a plus de trace du cancer comme tel, je suis en rémission. Il n'y a aucune contre-indication médicale à un retour à mes activités et il n'y a pas de lien entre le stress lié à mes fonctions et le retour ou non de la maladie «, a souligné M. Béchard.