À la surprise générale, Marc Garneau a annoncé hier son retrait de la course à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) et a donné son appui à Justin Trudeau.

Au cours d'une conférence de presse au parlement, le député montréalais a expliqué sa décision par l'avance insurmontable acquise par son adversaire, qui faisait d'une éventuelle victoire du camp Trudeau «un fait accompli».

«Je concède que je ne pourrai pas le battre et je me range dans les rangs du Parti libéral et je serai là pour l'appuyer», a-t-il déclaré, citant des statistiques «internes et externes».

Un coup de sonde mené par le clan Garneau la semaine dernière auprès de plus de 6000 membres et sympathisants du PLC accorderait 72% des appuis à Justin Trudeau et seulement 15% à leur candidat. Loin derrière, Joyce Murray et Martha Hall Finlay ne récolteraient respectivement que 7 et 5% des intentions de vote.

«Je serai un soldat loyal et j'ai l'intention de m'impliquer pendant encore longtemps», a conclu M. Garneau.

Volte-face

Cette décision a eu l'effet d'une bombe chez ses adversaires, qui se sont tous dits «surpris» par cette volte-face, un mois avant l'annonce des résultats, le 14 avril à Ottawa.

Il y a quelques semaines, Marc Garneau s'était montré très critique par rapport au manque de substance de la campagne de Justin Trudeau. Il avait mis les membres et sympathisants du parti en garde contre un autre «couronnement».

«Je ne comprends pas. Au cours des dernières semaines, il disait que Justin n'avait pas d'expérience et n'avait pas de vision. Ce qui était vrai à l'époque devrait encore, il me semble, être vrai aujourd'hui», a lancé son adversaire montréalais Martin Cauchon.

Mais hier, le candidat sortant s'est contenté de décrire ses critiques comme le fruit d'une course «vigoureuse» et d'une campagne «constructive». «C'est très clair que Justin Trudeau est le favori des électeurs. Ce n'est pas moi la seule personne qui prend cette décision-là, et par respect pour ces électeurs-là, je concède la réalité de la situation», a-t-il toutefois précisé.

M. Garneau a indiqué que l'état de ses finances n'avait pas été un facteur dans sa décision.

Il reste donc sept des neuf candidats initiaux dans cette course à la direction. L'avocat torontois George Takach a lui aussi donné son appui à Justin Trudeau il y a deux semaines. Ce dernier n'a réagi que sur Twitter, accueillant cette occasion de travailler «ensemble».

Appels automatisés

Par ailleurs, des appels automatisés réalisés par le camp Garneau la semaine dernière auprès d'environ 40 000 membres et sympathisants soulèvent une certaine controverse au Parti libéral.

«Le Parti libéral nous a avisés la semaine dernière que, selon les règles du CRTC, nous avons utilisé une formulation erronée dans notre message informatisé et que nous aurions dû indiquer dès le départ que l'appel émanait de la campagne de Marc Garneau, plutôt que plus tard dans l'appel», a expliqué Anne Dawson, porte-parole de M. Garneau.

L'appel n'aurait indiqué d'entrée de jeu que la seule volonté de sonder les intentions de vote pour le prochain chef libéral. Environ 6000 y ont répondu.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) n'a pas confirmé ni infirmé si une enquête était en cours.

Dans le camp de M. Garneau, on a affirmé que l'incident n'avait rien à voir avec sa décision, les résultats dévoilés plus tôt mis à part.