Crise économique, protectionnisme, imposition de visas, grippe A (H1N1), changements climatiques; la rencontre entre le premier ministre Stephen Harper, le président américain Barack Obama et son homologue mexicain Felipe Calderon, qui s'amorce dimanche, s'annonce mouvementée.

Les chefs d'État et de gouvernement se rencontreront à Guadalajara, au Mexique, pour le cinquième Sommet des leaders nord-américains.

L'imposition, par le Canada, de visas aux voyageurs mexicains risque d'accaparer une partie des discussions bilatérales entre le président Calderon et le premier ministre Harper.

La nouvelle politique, qui ne date que de juillet dernier, a soulevé la grogne au Mexique. Mais elle était motivée, du côté canadien, par le fait que les demandes de statut de réfugié en provenance du Mexique ont presque triplé depuis 2005.

«Je n'anticipe pas la suppression des visas pendant ce sommet, a dit vendredi le porte-parole du premier ministre Harper, Dimitri Soudas. Le système canadien qui traite les dossiers de réfugiés est surchargé par le nombre croissant de demandes chaque année. Ce qui est important, c'est de préserver l'intégrité du système canadien d'immigration.» Le nombre de demandes d'asile a en effet chuté considérablement depuis l'imposition des visas. Il y a eu 17 demandes depuis le 16 juillet, contre 225 dans les deux semaines qui avaient précédé la décision du Canada, a expliqué M. Soudas. L'ambassade à Mexico a délivré 15 000 visas depuis le 1er juillet, et pour la capitale mexicaine, le taux d'acceptation est de 90%, a-t-il ajouté.

À l'instar de tous les sommets multilatéraux, les questions économiques seront à l'ordre du jour, en cette période difficile. Le premier ministre Harper a fait de la lutte contre le protectionnisme son cheval de bataille, et il ne manquera certes pas l'occasion de rappeler au président Obama à quel point les économies canadiennes et américaines sont interdépendantes.

Les leaders profiteront aussi de cette rencontre pour renforcer leur collaboration dans la lutte contre le virus H1N1, qui a pris naissance au Mexique, à l'approche de la saison de la grippe.

Le Canada a, depuis le début de la crise, travaillé étroitement avec ses deux partenaires pour contenir le plus possible la propagation. L'identification du virus a même été réalisée dans un laboratoire de Winnipeg.

La sécurité aux frontières et la lutte contre les changements climatiques devront aussi être abordées. Le Canada souhaite que les trois pays nord-américains adoptent des politiques environnementales compatibles.

Harper au Panama

À l'issue du Sommet des leaders nord-américains, le premier ministre Harper fera un saut rapide au Panama, pour encourager les négociations avec le Canada en vue de signer un accord de libre-échange avec ce petit pays d'Amérique centrale. M. Harper s'entretiendra notamment avec le président Martín Torrijos.

«Le Panama est une petite, mais très forte économie, qui a une des croissances les plus appréciables de l'Amérique latine», a souligné M. Soudas.

Ce sera la première fois qu'un premier ministre canadien se rend en visite officielle au Panama. Les ministres Peter Van Loan (Sécurité publique) et Peter Kent (responsable des Amériques) accompagneront M. Harper dans son périple latino-américain.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur a mis l'accent sur la négociation de traités de libre-échange avec les pays du continent américain. Actuellement, une vingtaine de pays participent à des discussions avec le Canada ou ont déjà conclu des ententes, comme l'accord avec le Pérou, qui est entré en vigueur le mois dernier.