Le premier ministre, Stephen Harper, a maintenu que la bande sonore qui l'incriminait dans l'affaire Cadman avait été trafiquée en dépit des conclusions contraires d'experts indépendants qui ont analysé l'enregistrement.

«Les experts avancent des différences dans leurs interprétations et des nuances mais tous ces rapports démontent exactement ce que l'on dit, que ce ruban a été édité et que la conversation est incomplète. Le Parti libéral a des problèmes en cour, c'est tout ce que je peux dire», a affirmé Stephen Harper à la fin d'une conférence de presse samedi matin.

La déclaration de M. Harper semble indiquer qu'il n'a nullement l'intention de retirer sa poursuite de 3,5 millions de dollars contre le Parti libéral du Canada.

Le chef conservateur prétend depuis des mois que la bande sonore en question avait été trafiquée à l'époque afin de le mettre dans l'embarras.

Mais un expert américain indépendant en la matière a conclu, après analyse, qu'aucune intervention ou montage n'avait été réalisé sur la bande originale d'une entrevue donnée par M. Harper à un journaliste de Colombie-Britannique. Un partie seulement de la bande avait été effacée et réenregistrée mais la portion où M. Harper se serait compromis n'a pas été touchée, a précisé l'expert.

Rappelons que M. Harper a intenté une poursuite contre les libéraux qui l'ont accusé d'avoir offert au député indépendant Chuck Cadman en 2005 une police d'assurance-vie de 1 million de dollars en échange de son vote pour défaire aux Communes le gouvernement libéral minoritaire de Paul Martin. Ces allégations avaient été faites dans un livre rédigé par le journaliste Tom Zytaruk.

M. Cadman était atteint du cancer à l'époque. Il est décédé quelque temps après cet épisode.

Lorsque l'affaire a éclaté, M. Harper a affirmé que M. Zytaruk avait lui-même trafiqué la bande sonore pour lui faire dire des choses qu'il n'avait pas dites. M. Harper a déclaré au journaliste, selon la bande sonore en question, qu'il n'était pas au courant des «détails» de l'offre d'une police d'assurance faite à M. Cadman.

C'est un ancien agent du FBI, Bruce Koenig, engagé soit dit en passant par M. Harper, qui a soumis hier à la Cour supérieure son rapport aux avocats de M. Harper. Le rapport a été également envoyé à l'avocat des libéraux, Chris Paliare, qui a révélé que la bande sonore était intacte, du moins la portion où M. Harper semble être au courant des grandes lignes de l'offre faite à M. Cadman.

Les conservateurs affirment que la partie effacée de l'enregistrement contenait des déclarations nécessaires à la mise en contexte de l'entrevue réalisée par M. Zytaruk. Ces déclarations, affirment-ils, exonéraient complètement M. Harper.

Il semble bien que les tribunaux devront trancher cette affaire, si l'on en croit le chef conservateur.