C'est le député de Granby François Bonnardel, vétéran de la Coalition avenir Québec (CAQ) et même de la défunte Action démocratique du Québec, qui devra réaliser l'une des plus importantes promesses de son parti aux électeurs de la Capitale-Nationale : commencer les travaux de construction d'un troisième lien entre Québec et Lévis d'ici la fin du mandat actuel.

Le troisième lien, dont le coût vaguement estimé serait compris entre 4 et 10 milliards, n'est que le plus important des nombreux projets de nouvelles routes que le gouvernement de François Legault devra lancer, d'ici quatre ans, s'il respecte toutes les promesses de son parti, en campagne.

En tant que nouveau ministre des Transports, M. Bonnardel devra lui-même rendre des comptes à ses électeurs de Granby, à qui il a promis d'obtenir l'élargissement de la route 139 sur une dizaine de kilomètres entre l'autoroute des Cantons-de-l'Est (A10) et le zoo de Granby. Il en a fait l'objet de son tout premier engagement régional, en août dernier.

Le ministère des Transports redeviendra, par ailleurs... le ministère des Transports. Finies la « Mobilité durable » et l'« Électrification des transports » que l'ancien gouvernement Couillard avait ajoutées à son nom. Un changement qui n'est peut-être pas anodin.

PROMESSES ROUTIÈRES

En campagne électorale, la CAQ a pris de nombreux engagements en matière de transports, particulièrement en ce qui concerne des routes, dans des régions où ses candidats ont obtenu un fort appui de la population.

C'est le cas de la Montérégie, où la CAQ s'est engagée à « réaliser l'élargissement de l'autoroute 30 à trois voies par direction », dans son premier mandat, et de « relancer le projet de réaménagement de la route 132 » entre la rue Principale, à Delson, et l'autoroute 730, à Saint-Constant et Sainte-Catherine.

De plus, en campagne, François Legault a lui-même annoncé, lors d'un passage en Outaouais, « qu'un gouvernement de la CAQ veillera[it] à la sécurité des citoyens de l'Outaouais et fera[it] avancer rapidement le projet d'amélioration de l'autoroute 50 », entre Gatineau et Mirabel. On y a déploré de nombreux accidents mortels ces dernières années.

Pour des raisons similaires, M. Legault a aussi promis de renforcer la sécurité sur la route 117, entre Labelle et Mont-Laurier. Le gouvernement précédent s'était déjà engagé à créer un bureau d'études en vue de la réalisation de ce projet, qui a déjà été estimé à 200 millions.

UNE DÉLÉGUÉE MÉTROPOLITAINE

François Bonnardel devra aussi donner suite à plusieurs engagements majeurs de son parti pour l'est de Montréal, où a été élue la nouvelle ministre déléguée aux Transports et responsable de la métropole, Chantal Rouleau.

La plateforme électorale de la CAQ prévoyait la relance du projet de modernisation de la rue Notre-Dame, mis de côté depuis 2010, et de « mettre sur les rails un projet de tramway pour relier la pointe de l'île au centre-ville, et le cégep Marie-Victorin à la station de métro Radisson », un projet estimé à 1,8 milliard. La ministre déléguée tient beaucoup à ces deux projets majeurs.

Le plan de « décongestion » de la métropole de la CAQ prévoit aussi de nombreux et ambitieux projets de transports collectifs pour la banlieue, où les candidats de la formation ont presque tout raflé, le 1er octobre dernier. Ces projets ne seront pas réalisables au cours d'un premier mandat, mais ne manqueront pas de faire l'objet de rappels pressants de la banlieue.

La CAQ y a promis près de 40 kilomètres de prolongements du Réseau express métropolitain (REM) à Laval et sur la Rive-Sud, un tramway sur le boulevard Taschereau à Longueuil, la création de nouveaux parcs de stationnement incitatifs et des voies réservées aux bus sur le réseau autoroutier.

ET LA MOBILITÉ DURABLE ?

Le directeur du groupe de défense des usagers des transports collectifs Trajectoire Québec, Philippe Cousineau-Morin, a félicité le nouveau ministre pour sa nomination, hier, en l'invitant « à poursuivre le large consensus de toutes les parties prenantes bâti autour de la Politique de mobilité durable 2030 » déposée en mai dernier par le gouvernement sortant.

Cette politique vise entre autres à réduire la consommation de pétrole des Québécois de 40 % d'ici 2030, à diminuer de 20 % les déplacements en « auto solo » à l'échelle du Québec et à réduire de 37,5 % les émissions québécoises de gaz à effet de serre, responsables des changements climatiques.

Florence Junca-Adenot, porte-parole d'Alliance Transit, qui milite pour une augmentation des budgets des transports collectifs au niveau des budgets routiers, s'est dite, pour sa part, « confiante » que la mobilité durable demeure un objectif prioritaire même si elle ne fait plus partie du nom du ministère.

« On va avoir une ministre déléguée qui connaît très bien la région métropolitaine », a dit la professeure associée au département d'études urbaines et touristiques de l'UQAM, au moment où elle participait aux ateliers de l'Agora métropolitaine, hier.

« Ici, souligne-t-elle, il est remarquable que tout le monde, élus et représentants de la société civile, pousse dans la même direction, à savoir pour un plan intégré des transports qui reprend les principes de la Politique de mobilité durable déposée en avril. »

Cette politique « a été développée en collaboration avec 41 organisations venant de toutes les sphères de la société. Ces gens y croient et vont la défendre farouchement », si le nouveau gouvernement de la CAQ devait s'en éloigner pour privilégier de nouveaux projets routiers au détriment des investissements en transports collectifs.