Le Parti québécois et Québec solidaire réclament la démission du député indépendant Gerry Sklavounos, en réaction aux allégations de la jeune militante libérale Maude-Félixe Gagnon. De son côté, la commissaire à l'éthique et à la déontologie de l'Assemblée nationale, Ariane Mignolet, « analyse la situation » de l'élu de Laurier-Dorion.

Il n'est pas question de déclencher une enquête à ce stade-ci. L'adjoint de la commissaire, Pierre-Luc Turgeon, a cependant indiqué qu'une « analyse » était en cours après avoir « pris connaissance des faits évoqués dans [l']article » de La Presse publié hier.

Pour le Parti québécois, Gerry Sklavounos doit céder son siège. « C'est troublant de lire ça. Je pense qu'il n'a pas d'autre choix que celui de démissionner », a affirmé sa porte-parole en matière de condition féminine, Catherine Fournier.

« Il faut quand même se rappeler qu'il occupe une fonction importante dans la société, celle de député. Ça demande d'avoir un comportement qui est irréprochable. M. Sklavounos continue aussi de recevoir un salaire payé par les contribuables québécois. À mon avis, il ne répond pas aux critères pour occuper cette fonction-là », a ajouté l'élue de Marie-Victorin.

Le premier ministre Philippe Couillard « salue le courage » de la militante libérale qui a brisé le silence. C'est notamment sur la foi de son témoignage qu'il avait maintenu l'exclusion de M. Sklavounos de son caucus l'an dernier. Le député avait été expulsé en octobre 2016.

M. Couillard a ajouté que « la page est tournée » et qu'« il y aura une autre candidature » pour son parti dans Laurier-Dorion.

Le député indépendant devrait-il quitter l'Assemblée nationale ? « C'est sa décision », s'est-il contenté de répondre.

La députée de Québec solidaire Manon Massé avait déjà réclamé la démission de Gerry Sklavounos. Elle le fait à nouveau à la lumière des nouvelles « allégations graves » dont il fait l'objet. « Ce que je trouve d'autant plus grave au Québec, c'est qu'on n'a aucun moyen légal de pouvoir révoquer un député. Je pense qu'on serait dû pour donner les moyens aux citoyens de retirer la confiance qu'ils avaient donnée à leur député », a-t-elle affirmé.

FORMATION SUR LE HARCÈLEMENT

La Coalition avenir Québec avait adopté une proposition pour la révocation d'un député lors d'un conseil général en 2015. Un gouvernement caquiste proposerait « qu'un député ou un élu municipal ayant perdu la confiance de la population de sa circonscription puisse être démis de ses fonctions par la population par le biais d'une pétition jugée conforme par le DGEQ et qui recueillerait la majorité absolue des électeurs du comté ou de la municipalité ». Cette mesure ne figure toutefois pas à son programme à ce jour. La CAQ n'a pas rappelé cette proposition lorsqu'on lui a demandé de réagir à la situation de Gerry Sklavounos.

« Nous saluons le courage de Mme Gagnon de dénoncer publiquement, a déclaré Guillaume Simard-Leduc, directeur des communications du chef François Legault. Nous allons respecter sa volonté de ne pas ramener cette affaire dans sa vie et de se concentrer sur le positif. Nous partageons sa volonté de tout faire en sorte pour que ce genre de choses n'arrivent plus. »

Le président de la Chambre, Jacques Chagnon, a décliné une demande d'entrevue. Une porte-parole de l'Assemblée nationale, Julie Champagne, a indiqué que, légalement, « il n'y a pas de changement au statut de député » de M. Sklavounos et qu'il peut donc continuer de siéger.

Sans vouloir commenter le cas de M. Sklavounos, la vice-présidente de l'Assemblée nationale, Maryse Gaudreault, a annoncé que tous les députés et le personnel politique de la prochaine législature seraient obligés de suivre une formation sur le harcèlement.

- Avec la collaboration de Hugo de Grandpré, La Presse