Une nouvelle société publique, non commerciale, sera mise sur pied pour assurer la distribution et la vente du cannabis au Québec. L'organisme sera sous la responsabilité du ministre des Finances et s'appuiera sur l'expertise de la Société des alcools du Québec (SAQ) en matière de commercialisation.

Selon les informations colligées par La Presse, la décision a été arrêtée la semaine dernière, dans le cadre d'une réunion du comité des priorités du Conseil des ministres. Semaine après semaine, le gouvernement Couillard se rapproche de la stratégie annoncée il y a deux mois par l'Ontario.

La ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, fait valoir aux réunions l'importance des considérations de santé, mais, depuis un bon moment, on constate que le ministère de la Santé n'a aucune expertise, aucun moyen de prendre en charge la commercialisation. Le ministère des Finances en sera responsable, avec une nouvelle filiale de la SAQ.

Les profits réinjectés dans la prévention

Manifestement, le ministre des Finances, Carlos Leitão, ne saute pas de joie à l'idée de prendre la responsabilité de cette opération délicate.

Québec voulait assurer que la Santé publique jouerait un rôle important dans la commercialisation du cannabis. Mais avec le temps, il est devenu évident que le ministère des Finances prendrait plus de place que la Santé dans ce dossier. Concession aux tenants de la Santé publique : la nouvelle entité, tout en étant une filiale de la SAQ, sera «non commerciale». Son mandat ne sera pas de maximiser les profits et elle n'aura pas à verser de dividendes au gouvernement.

L'objectif de la nouvelle société d'État sera de faire ses frais, et dans l'éventualité de profits, ils seront réinjectés dans la prévention. Les éventuels déficits seront couverts par le gouvernement. La possibilité est tangible : pour éradiquer le marché noir, le gouvernement devra «casser» les prix, sa marge de profit sera très réduite et les déficits seront probables.

Traiter avec les mandataires externes



La SAQ peut créer une filiale dans laquelle les employés seraient syndiqués de façon distincte de ses autres salariés, mais on s'attend à ce que, rapidement, la pression fasse que ces nouveaux salariés soient rapatriés par le syndicat des employés de la SAQ.

Le projet de loi que l'on souhaite déposer avant la mi-novembre permettra aussi à la nouvelle entité de traiter avec des mandataires externes pour la distribution ou même la commercialisation du cannabis.

Déjà, l'Ontario a d'entrée de jeu fait savoir que son réseau de distribution du cannabis relèverait de la LCBO, l'équivalent ontarien de la SAQ. L'Ontario vise 40 points de vente au début, un contingent qui sera doublé au bout d'un an. Québec est moins ambitieux - on vise entre 20 et 40 comptoirs au départ. Québec veut en effet donner plus de place à la vente en ligne, qui sera effectuée à partir d'une plateforme qui sera mise en place par la SAQ, cette dernière étant la seule au gouvernement à faire de la vente en ligne.