Une rencontre inusitée a eu lieu, au cours des derniers jours, lorsqu'une centaine de militants de la base, à la FTQ, ont pu échanger avec une trentaine de députés de tous les partis politiques à Québec pour les sensibiliser à certaines revendications.

On voit souvent des présidents de centrales syndicales rencontrer des ministres, mais, cette fois, il s'agissait de militants de la base, provenant de plusieurs régions du Québec, qui n'avaient pas l'habitude de rencontrer des élus.

Il s'agissait d'un exercice démocratique inusité, mais que le président de la FTQ, Daniel Boyer, tenait à faire pour donner le goût de l'action politique à ses membres et pour permettre aux députés de rencontrer des militants de la base, a expliqué au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, lundi, M. Boyer.

Ce genre de rencontre n'avait jamais été fait auparavant avec les députés de l'Assemblée nationale. «On fait ça avec le CTC (Congrès du travail du Canada, la grande centrale pancanadienne avec laquelle la FTQ a des liens) sur la colline parlementaire à Ottawa une fois par année. On voulait faire ça aussi à Québec - ce qu'on n'avait jamais fait», a noté M. Boyer.

Trois sujets chauds à la FTQ étaient au menu: le salaire minimum à 15 $, la réforme du Régime des rentes du Québec et les clauses de disparité de traitement au travail - comme les régimes de retraite ou d'assurances collectives à deux vitesses.

«Ça a pris un peu par surprise des partis politiques. Il n'y a jamais eu de groupes qui ont envahi l'Assemblée nationale pour faire une journée de rencontres avec des députés. Ça a été un petit peu la panique chez certains partis, mais on leur a expliqué que c'était des journées de rencontres dans le but de faire valoir nos revendications. C'était très cordial; il n'y avait rien d'agressif dans ça», a rapporté M. Boyer.

Plusieurs photos de militants fiers d'y avoir participé circulent d'ailleurs sur les réseaux sociaux.

Cette expérience démocratique a été concluante, au point où la FTQ compte répéter l'expérience l'an prochain - une année électorale, rappelle M. Boyer. Il souhaite d'ailleurs qu'un plus grand nombre de députés y participent.

Les trois thèmes

Sur la question du salaire minimum à 15 $, les militants de la FTQ refusent de baisser les bras, bien que le gouvernement ait annoncé que celui-ci passera de 10,75 $ à 11,25 $ le 1er mai.

Il faut dire que la centrale réclame le salaire minimum à 15 $ «d'ici l'horizon maximal de 2022». Les militants ont fait valoir aux députés que cela contribuerait à relancer l'économie locale et à réduire la pauvreté.

Pour ce qui est de la réforme du Régime des rentes du Québec, les militants de la FTQ ont réclamé que le Québec signe l'entente conclue entre le fédéral et les autres provinces, en juin dernier, qui prévoit une réforme du Régime de pensions du Canada plus généreuse pour les retraités.

La réforme plus timide annoncée au Québec «ferait en sorte que les personnes retraitées du Québec seraient les plus pauvres au Canada», souligne-t-on dans la note d'information à l'adresse des militants qui rencontraient les députés.

Quant aux clauses de disparité de traitement touchant par exemple les régimes de retraite à deux vitesses, les militants ont fait valoir aux députés qu'il s'agissait là de discrimination fondée sur la date d'embauche, souvent sur l'âge du travailleur.

La FTQ a vécu trois importants conflits de travail en 2016 concernant de telles clauses, chez Ciment Lafarge, Resco ainsi que Brault et Martineau.

Il n'a pas été possible d'obtenir d'entrevue, lundi, de la part de députés qui ont participé à ces rencontres.