Le ministre des Finances, Carlos Leitão, abandonne la réforme du crédit d'impôt « en raison de l'âge » sous la pression des aînés. Elle a « généré beaucoup d'inquiétudes qui malheureusement, à mon avis, n'étaient pas fondées sur les faits », a-t-il déploré mercredi.

La réforme a soulevé la colère de l'opposition et des associations de défense des droits des aînés. Ces dernières soutenaient mardi que les libéraux allaient en payer le prix lors des prochaines élections. Elles l'accusaient de « piger 500 $ dans les poches » des aînés les plus pauvres. Dans les derniers jours, plusieurs personnes âgées ont fait pression sur les élus du gouvernement pour qu'ils renoncent à la réforme, a précisé M. Leitão.

Le caucus des députés libéraux a « discuté longuement » de cet enjeu mercredi.  Carlos Leitão a annoncé le verdict au terme de la réunion : « Cette mesure est éliminée complètement, c'est un retrait total de cette mesure ».

Dans son budget de 2015, le gouvernement Couillard avait annoncé une augmentation de l'âge d'admissibilité au crédit d'impôt en raison de l'âge, d'une valeur pouvant aller jusqu'à 500 $. Pour l'année d'imposition 2016, il voulait que le seuil soit fixé à 66 ans, plutôt que 65, pour le toucher. L'âge d'admissibilité devait être revu à la hausse chaque année pour atteindre 70 ans en 2020.

Il restera finalement à 65 ans, a indiqué M. Leitao. Les « inquiétudes » soulevées par cette mesure expliquent le recul. Le ministre regrette qu'il y ait eu « beaucoup d'exagérations » au sujet de sa réforme. Il en défend d'ailleurs toujours le bien-fondé. « Mais ça a soulevé de grandes vagues », a-t-il dit.

Il a rappelé que le crédit d'impôt n'a pas été révisé depuis sa création en 1972. « Je l'annule parce que je me rends compte que dans la vraie vie politique de tous les jours, c'est une mesure qui ne passe pas », a-t-il lancé. « De toute évidence, c'est quelque chose qui n'a pas été bien reçu, bien accepté. (...) J'admets sans aucun problème que de mon côté il n'y a pas eu un effort assez soutenu en terme de communication. »

L'abandon de la réforme signifie que le gouvernement renonce à récupérer 273 millions en quatre ans. Mais compte tenu de l'état des finances publiques, qui ne sont plus dans le rouge, « c'est quelque chose qu'on peut facilement absorber. On va analyser comment on peut compenser » cette perte de revenus, a dit M. Leitão.

Pour justifier sa réforme, Québec faisait valoir qu'il bonifie le crédit d'impôt pour les travailleurs d'expérience afin d'inciter les Québécois à demeurer sur le marché de l'emploi le plus longtemps possible. Cette mesure est maintenue. Le crédit d'impôt est accessible en 2016 aux personnes de 64 ans au lieu de 65. Ce sera possible d'y avoir droit dès 62 ans à compter de 2018.