Le Parti québécois a manqué de clarté et de cohésion dans les dernières années, provoquant la fuite des électeurs, soutient Jean-François Lisée. Il entreprend maintenant d'en faire un parti «clair et constant», «zen et décomplexé, moins hargneux et chicanier».

Dans une réplique à ses détracteurs sur la langue, il propose aux militants « d'essayer, pour une fois », de « choisir les combats les plus efficaces et rassembleurs ».

« Ces dernières années, plusieurs se sont détournés de nous, pas parce qu'ils nous connaissaient mal, mais parce qu'ils ne nous reconnaissaient pas. Nous n'étions pas clairs, nous n'étions pas nets, nous n'étions pas constants. Et s'ils nous re-découvraient nets, clairs et constants », a-t-il soutenu devant les militants réunis en conseil national, le premier depuis l'élection du chef en octobre.

Le choix d'un « nouveau cap » s'incarne selon M. Lisée dans l'engagement de ne pas tenir de référendum sur la souveraineté dans un éventuel premier mandat. « En 2018, (il faut) rendre au Québec le service le plus urgent qui soit, fermer le chapitre des années libérales et offrir un gouvernement honnête, dynamique, compétent. En 2022, obtenir le mandat de réaliser l'indépendance. C'est clair, c'est net, c'est constant », a-t-il lancé, une remarque qui a été accueillie par des applaudissements.

Cette feuille de route est inscrite dans la « proposition principale » qui a été déposée au Conseil national. Il s'agit d'une refonte complète du programme du PQ qui est soumise aux militants en vue d'une adoption au congrès de l'automne. Le report du référendum est une « décision lucide mais difficile » qui permettra selon lui de « tisser des liens » avec ceux qui partagent les positions du parti sur la santé, l'éducation, l'économie et l'identité, selon lui.

«Une audace nouvelle»

Jean-François Lisée a profité de l'ouverture de son premier Conseil national pour répondre à ses détracteurs quant à ses propositions sur la langue. Il veut biffer du programme actuel la promesse d'étendre aux cégeps les dispositions de la loi 101. Il compte également mettre de côté des mesures qui étaient inscrites dans un projet de loi déposé par le gouvernement Marois.

« Pour le français, nous allons faire preuve d'une audace nouvelle », a fait valoir M. Lisée. « Jamais auparavant nous n'avons proposé de réclamer une réelle connaissance du français à 100% des nouveaux arrivants et leurs conjoints. Jamais. Jamais nous n'avions proposé un examen de français pour l'obtention des diplômes de cégep et d'université anglophones. Jamais », a-t-il dit.

Le chef péquiste veut « maintenir une nette majorité de francophones sur l'île de Montréal, étendre la loi 101 aux moyennes entreprises et aux entreprises sous juridiction fédérale, tourner le dos au bilinguisme institutionnel ». Ces mesures auront pour effet « d'enrayer le déclin du français », selon lui.

« Et si on faisait exprès, ensemble, de choisir les combats qui sont à la fois les plus efficaces pour le progrès du français et les plus rassembleurs. Si on essayait ça, pour une fois ? Efficace et rassembleur », a-t-il plaidé.

Le chef péquiste a proposé aux militants d'avoir une « attitude nouvelle » pour séduire l'électorat. « Être convaincu et convaincant, mais sans être hargneux ou chicanier », a-t-il résumé.

Il n'y a plus de flou dans les positions environnementales du PQ, selon lui. Le PQ entend « tourner le dos au pétrole », « refuser le gaz et le pétrole de schiste, dire non à Énergie Est dans tous les cas de figure ». « Désormais, voter bleu, c'est voter vert. »

Il a fait un clin d'oeil à Québec solidaire, proposant de faire « cause commune » grâce à une convergence, « dans le respect des différences ». « Nous avons assez en commun pour additionner nos forces et faire, ensemble, avancer le Québec. »