Déclarer l'indépendance du Québec, mettre fin aux accommodements raisonnables, détruire les mosquées : telles sont les propositions du Front national du Québec, un parti politique naissant qui pourrait présenter des candidats dès les élections de 2018.

Militant politique de longue date, Daniel Boucher a réservé ce nom auprès du Directeur général des élections il y a deux semaines.

Bien qu'il qualifie lui-même le FNQ d'« embryonnaire », il a bon espoir de présenter un candidat dans chacune des 125 circonscriptions du Québec au prochain scrutin. D'ici là, il se donne deux ans pour faire connaître ses idées.

« Nous avons perdu deux référendums à cause du vote ethnique et de l'argent, disait Jacques Parizeau, et il avait parfaitement raison. Avec le Front national du Québec [FNQ] au pouvoir, le Canada n'aura pas l'occasion de nous faire perdre un autre référendum », peut-on lire sur le site web du Front national du Québec.

En entrevue, ce résidant de Québec ne fait aucun secret de la filiation idéologique entre son parti et celui de Marine Le Pen en France. C'est d'ailleurs sa rencontre avec la leader d'extrême droite, lors de sa visite au Québec en mars, qui l'a convaincu de lancer une formation politique.

« C'est une personne que j'ai trouvée vraiment inspirante, a indiqué M. Boucher. Je me suis plus attardé à son programme de parti. C'est à partir de ce moment-là que je me suis intéressé à ce qui se passait en France. »

Interdire l'islam



S'il est élu, le FNQ s'engage à détruire les mosquées et à interdire l'islam au Québec. Selon M. Boucher, cette religion ne fait pas « bon mélange » avec la société occidentale.

« Une mosquée, ce n'est pas juste un lieu de culte, a-t-il dit. C'est un lieu de recrutement, un lieu de propagande. Les imams font des discours incendiaires sur nous, les infidèles. »

« Les mosquées seront détruites et l'Islam sera interdit dans le Pays du Québec. Car croire que l'Islam est compatible avec notre culture est comme croire que si vous nourrissez un alligator avec de la salade, qu'il finira par devenir végétarien », lit-on sur le site web du Front national du Québec.

Il ne souhaite pas pour autant expulser tous les musulmans du Québec, seulement ceux qui refuseront de « s'intégrer » à leur société d'accueil.

« Les autres religions, on n'a pas de problème avec elles, a-t-il ajouté. Je n'ai jamais vu des problèmes avec les bouddhistes qui prônent la paix. Il faut le dire : c'est triste, mais l'islam, c'est l'islam. »

M. Boucher se défend de vouloir lancer un parti « raciste » et il s'oppose à toute forme de violence. Il dit toutefois vouloir agir pour éviter que le Québec ne se retrouve dans la même situation que la France, où des islamistes radicaux ont mené des attentats à Paris et à Nice.

Le parti proposera aussi d'abolir toute forme d'accommodements raisonnables. Idem pour les programmes de discrimination positive visant à favoriser l'embauche de citoyens issus des minorités culturelles.

Le FNQ propose par ailleurs de déclarer l'indépendance du Québec dès son élection. Le nouvel État se doterait de sa propre monnaie et de sa banque centrale. Les institutions financières et les ressources naturelles seraient nationalisées.

Pour l'heure, le parti compte une cinquantaine de membres. M. Boucher dit avoir entrepris des démarches auprès de différents groupes pour grossir ses rangs.

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Qui est Daniel Boucher ?

Ce résidant de Québec a milité au sein de l'Alliance canadienne alors qu'elle était dirigée par Stockwell Day. Il a aussi été membre du Parti québécois pendant plusieurs années. Son adhésion vient d'expirer et il ne l'a pas renouvelée. Il se dit « déçu » du PQ, à qui il reproche de mettre au rancart l'indépendance, sa raison d'être. Il n'a appuyé aucun candidat dans la récente course à la direction, même si les questions d'immigration et d'identité ont occupé une place importante dans les débats.

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Le Front national en France

Force politique majeure en France, le Front national compte 83 000 « adhérents et sympathisants », selon son site web. Le parti a progressé dans les sondages depuis qu'il est dirigé par Marine Le Pen. Elle a recueilli près de 18 % des votes lors de l'élection présidentielle de 2012. Le prochain scrutin se déroulera l'an prochain. Selon un sondage paru mardi, Mme Le Pen est deuxième dans les intentions de vote avec 27 %, contre 35 % pour le favori des primaires de la droite, Alain Juppé.