La première fonctionnaire du ministère des Transports a ignoré les questions de l'ex-ministre Robert Poëti au sujet des « situations anormales » et des « irrégularités » qu'il avait découvertes pendant ses deux années à la barre du ministère.

Dans une lettre à son successeur Jacques Daoust, qui a été déposée mercredi à l'Assemblée nationale, M. Poëti dit avoir été informé d'une série d'anomalies alors qu'il dirigeait le MTQ (voir détails plus bas).

M. Poëti a posé plusieurs questions à la sous-ministre Dominique Savoie. Des questions qui sont restées sans réponses jusqu'à ce qu'il soit évincé du cabinet lors du remaniement ministériel de janvier, révèle-t-il dans sa lettre.

« Avant le remaniement, j'avais demandé plusieurs réponses à des questions précises à la sous-ministre, madame Dominique Savoie, mais je suis obligé d'admettre qu'elle ne m'est jamais revenue avec des réponses et a étiré le temps à outrance », écrit M. Poëti dans sa lettre à M. Daoust, qui est datée du 27 avril.

À son arrivée à la tête du MTQ, M. Poëti a embauché une ancienne agente de renseignements de l'Unité anticollusion pour passer au peigne fin les activités du ministère des Transports (MTQ). Ces travaux ont mis à jour plusieurs irrégularités, révèle-t-il dans sa lettre.

La vérificatrice embauchée par M. Poëti a démissionné du MTQ récemment. Dans sa lettre, l'ex-ministre dit craindre que les « préoccupations » qu'elle a soulevées restent sans suite.

M. Poëti craint en outre que Mme Savoie n'ait pas donné suite à ses questions une fois qu'il eut été évincé de son poste et remplacé par M. Daoust.

« Je lui ai demandé de modifier l'organigramme des enquêtes, de procéder avec les vérifications et de consulter les professionnels en conformité avec le projet, écrit M. Poëti. L'imputabilité m'apparaissait faible et je l'ai mise en garde qu'elle devrait être plus imputable. »

L'actuel ministre Jacques Daoust a répondu le 6 mai à son collègue. Il dit avoir pris acte des actions posées par le MTQ en matière de gestion contractuelle, et demandé à rencontrer l'ancienne vérificatrice pour discuter de ses travaux.

« Soyez assuré que j'y donnerai la suite appropriée », écrit M. Daoust.

Les irrégularités au MTQ constatées par Robert Poëti

• La structure du MTQ fait en sorte que la direction générale est à la fois responsable des services à la gestion et de la surveillance des marchés.

• Des vérificateurs internes du MTQ relèvent des directeurs territoriaux, sur lesquels ils sont chargés d'enquêter.

• Les documents sont filtrés ou altérés avant d'être soumis au comité de vérification externe.

• Recours massif aux consultants externes.

• Embauche d'ex-employés du MTQ en vertu de contrats octroyés de gré à gré, des contrats qui sont parfois fractionnés pour éviter les appels d'offres.

• Collaboration déficiente des directions du MTQ avec les vérificateurs internes.

• Aucune vérification interne des estimations.