Le gouvernement Couillard s'est engagé vendredi à décupler d'ici 2020 le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables sur les routes de la province. Québec fait le pari que l'ajout de centaines de bornes de recharge et le maintien des subventions à l'achat permettront d'atteindre la cible ambitieuse de 100 000 véhicules verts. Or, pour le chef péquiste, cet objectif est inatteignable sans davantage d'investissements.

Pas moins de quatre ministres du cabinet, sans compter le premier ministre, ont pris la parole vendredi après-midi, devant une salle remplie de gens d'affaires, au Palais des Congrès de Montréal, pour présenter le Plan d'action en électrification des transports 2015-2020. Au total, 420,75 M$, dont 60% financés par le Fonds vert, seront investis en cinq ans dans le cadre de ce plan. Toutefois, les nouvelles mesures totalisent seulement 255 M$.

Le programme «Roulez électrique», qui prévoit des subventions de 4 000 à 8 000 $ à l'achat d'un véhicule neuf hybride rechargeable ou entièrement électrique, demeure la mesure-clé pour faire bondir de 7300 à 100 000 le nombre de ces véhicules. Interrogé par les journalistes, Philippe Couillard s'est engagé à prolonger le programme qui doit s'achever à la fin 2016, mais sans en préciser les modalités exactes. «C'est clair qu'il n'y aura pas d'interruption des programmes de subvention. Ils vont se poursuivre [...] On va conserver les subventions tant qu'elles n'auront pas atteint leur but. Leur but, c'est d'obtenir une masse critique de véhicules sur nos routes», a-t-il précisé. 

En mêlée de presse, Pierre-Karl Péladeau a déploré le manque de «moyens» du plan libéral et la «confusion dans les calculs» des subventions. «Comment peut-on éventuellement penser qu'on va avoir 90 000 véhicules électriques de plus avec une prime de 8 000 $ ? Ça fait 720 M$, alors qu'on dit 420 M$. Ça m'apparaît, chose certaine, très loin d'être aussi ambitieux que le plan du gouvernement de Mme Marois», a affirmé le chef du Parti québécois, qui dénonce une «belle opération de relation publique» du Parti libéral.

Le plan d'électrification prévoit une série de mesures pour convaincre les automobilistes à se défaire de leurs véhicules à essence. Depuis vendredi, les automobilistes avec une plaque d'immatriculation «verte» pourront rouler légalement sur plusieurs voies réservées aux autobus et aux taxis, comme certains segments de la route 116 et 132 et des autoroutes 15, 25, 440 et 740. Suivra ensemble en novembre la route 112, en direction ouest.

Les propriétaires de véhicules électriques et hybrides pourront également embarquer gratuitement sur les traversiers payants du Québec et rouler sans frais sur les deux ponts à péage du Grand Montréal, dès le 1er janvier 2016. 

Grâce à ces mesures, Québec espère ajouter 2 000 emplois à cette filière industrielle et réduire de 150 000 tonnes ses émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) produites par les transports. Une réduction cruciale pour atteindre la cible de réduction de 37,5 % de GES d'ici 2030 par rapport à 1990.