Pierre Karl Péladeau a prévenu lundi que les libéraux et les caquistes subiront des «conséquences» s'ils transforment en cirque politique la commission parlementaire sur un récent rapport du commissaire à l'éthique.

Le nouveau chef du Parti québécois (PQ) sera au coeur des discussions, aujourd'hui. La commission des institutions étudiera 23 recommandations formulées en février par le commissaire Jacques Saint-Laurent pour moderniser le Code d'éthique des élus de l'Assemblée nationale.

Le commissaire suggère notamment de «préciser les règles relatives à la fiducie et au mandat sans droit de regard». Cela concerne directement M. Péladeau, qui est à la fois chef de l'opposition et actionnaire de contrôle de Québecor, plus important empire médiatique au Québec.

«Osons espérer que les libéraux et les caquistes ne feront pas d'instrumentalisation politique, a indiqué M. Péladeau, qui faisait campagne dans la circonscription de Jean-Talon, lundi. Avec les libéraux, tout est à prévoir.»

Il a lancé un avertissement à ses adversaires politiques.

«Si, maintenant, on décide de faire autre chose et qu'effectivement, on l'instrumentalise politiquement [la commission], ce sera ceux et celles qui auront décidé de s'engager dans cette direction qui auront à subir les conséquences des gestes qu'ils posent», a-t-il affirmé.

Il garde ses actions

M. Péladeau s'était engagé en octobre à placer ses avoirs dans une fiducie s'il prenait la tête du PQ. Le soir de sa victoire, le 15 mai, il a annoncé avoir donné instruction à ses avocats de mettre cette promesse à exécution.

M. Péladeau a toutefois prévenu que son fiduciaire aurait instruction de ne pas vendre les actions de Québecor, qu'il a héritées de son père et qu'il souhaiter léguer à ses enfants. Ses adversaires estiment donc qu'il ne s'agit pas d'une fiducie sans droit de regard.

Le chef péquiste dit dépasser les exigences du Code d'éthique, qui précise que seuls les ministres ont l'obligation de placer des intérêts financiers dans une fiducie sans droit de regard. La consigne ne s'applique pas aux élus de l'opposition.

«Le commissaire dit que je n'ai pas à déposer mes actions en fiducie et je le fais malgré tout», a-t-il dit.

M. Péladeau ne sera pas appelé à participer aux travaux de la commission pour le moment. Le commissaire Saint-Laurent présentera ses conclusions au cours de la séance d'aujourd'hui. Le jurisconsulte de l'Assemblée nationale, Me Claude Bisson, témoignera le 2 juin. Ce n'est qu'après cette rencontre que les membres de la commission détermineront qui témoignera par la suite.

Un quatuor de parlementaires

Le PQ a délégué un quatuor de parlementaires aguerris pour la commission parlementaire. Outre Agnès Maltais et Pascal Bérubé, deux membres permanents, le leader parlementaire Stéphane Bédard et le porte-parole en matière d'éthique Stéphane Bergeron, participeront aux travaux.

Le député péquiste Jean-François Lisée a annoncé la semaine dernière qu'il ne participera pas aux travaux de la commission, dont il est membre. Pendant la course à la direction du PQ, il avait critiqué la position de contrôle de M. Péladeau dans Québecor, affirmant qu'il s'agissait d'une «bombe à retardement».

Les libéraux et les caquistes ont préféré ne pas commenter le dossier.

Du côté libéral, on dit vouloir éviter que la commission parlementaire se transforme en cirque partisan. L'objectif est d'établir la pertinence du débat sur les avoirs de M. Péladeau dans l'opinion publique.