Québec coupe 312 000$ dans la culture scientifique en supprimant des subventions aux magazines destinés aux jeunes et à l'Agence Science-Presse, qui risque maintenant de fermer ses portes. Cette décision du ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations a été prise en raison de «changements de priorités».

D'une part, les magazines édités par les Publications BLD, Les débrouillards et Les explorateurs, voient disparaître leur subvention annuelle de 130 000$, et la toute nouvelle revue scientifique s'adressant aux 14-17 ans, Curium, perd son aide de 59 000$.

D'autre part, l'Agence Science-Presse, qui se consacre à la promotion et à la diffusion de la science depuis 36 ans, a su que sa subvention annuelle de 123 000$ allait également disparaître en 2015.

«C'est incroyable quand on y pense, c'est toute la culture scientifique qui est attaquée, lance Félix Maltais, éditeur des revues scientifiques. Est-ce qu'on oserait couper de la même façon le théâtre ou la musique classique?»

L'éditeur affirme que, pour l'instant, la publication des magazines «fort appréciés des jeunes» n'est pas menacée puisque la coupe représente 7% du budget des revues, eu égard aux abonnements et ventes en kiosque.

M. Maltais souligne surtout qu'il va essayer de «faire changer cette décision au nom des Débrouillards mais aussi pour tous les organismes de culture scientifique».

À l'Agence Science-Presse, on se disait d'ailleurs secoué par la décision gouvernementale qui leur a été annoncée hier.

«C'est quasiment la clé dans la porte, affirme la directrice Josée Nadia Drouin. Ça fait 36 ans qu'on existe. On trouve ça épouvantable à notre époque où l'information scientifique est si nécessaire.»

Science-Presse est une agence qui emploie quatre personnes. Cet OBNL dépend à 70% de la subvention gouvernementale de 123 000$, qui ne sera pas renouvelée pour l'année 2015.

L'opposition

La porte-parole de l'opposition officielle en matière d'enseignement supérieur, Véronique Hivon, a dénoncé la décision de Québec en parlant d'un «jour sombre pour la curiosité scientifique».

«Ce sont de petits montants qui peuvent faire toute la différence dans la vulgarisation scientifique», selon la députée du Parti québécois.

«On aurait pu penser qu'après les déclarations malheureuses du ministre Yves Bolduc sur les livres, ce gouvernement aurait appris quelque chose», a-t-elle ajouté.

Du côté de la CAQ, la porte-parole Claire Samson a reproché à la ministre de la Culture, Hélène David, de ne pas défendre l'intérêt des jeunes auprès de ses collègues du cabinet Couillard.

«Il est scandaleux d'entendre les libéraux affirmer que la mission de vulgarisation scientifique auprès des jeunes ne cadre plus avec les priorités du gouvernement», a-t-elle fait savoir.

Expos-sciences

En fin d'après-midi, l'organisme qui coordonne la tenue des Expos-sciences partout dans la province s'est aussi plaint du non-renouvellement de sa subvention de fonctionnement par Québec. Le Conseil de développement du loisir scientifique (CDLS) s'est toutefois dit «déterminé» à voir survivre son principal programme, qui permet aux jeunes scientifiques en herbe de présenter leurs découvertes.

L'attaché de presse du ministre Jacques Daoust, Mélissa Turgeon, a tenu à souligner que les fonds totalisant 312 000$ étaient, en fait, «réorientés» vers d'autres priorités gouvernementales dans le domaine scientifique.

«Les budgets ne sont pas coupés, dit-elle. Nous préférons rejoindre un plus grand nombre de jeunes en améliorant davantage les maillages entre les étudiants des établissements d'enseignement et les entreprises. Nous croyons qu'il y a plus de besoins de ce côté.»

- Avec Philippe Teisceira-Lessard