Christine St-Pierre refuse de céder à Jean-François Lisée, qui a exigé des excuses de la ministre des Relations internationales, faute de quoi il entamera des poursuites en diffamation. La ministre persiste à dire qu'elle a soulevé des questions «légitimes» et se défend de s'être attaquée à la vie privée du député.

La semaine dernière, la ministre a émis des doutes sur l'intégrité des dépenses de M. Lisée lors de ses missions à l'étranger lorsqu'il était ministre des Relations internationales et s'est questionnée sur la fréquence de ses déplacements en France, où sa conjointe et ses enfants résidaient.

Ultimatum

Rentré dimanche de la France, M. Lisée a convoqué mardi matin une conférence de presse au cours de laquelle il a donné un ultimatum à Mme St-Pierre: «Les faits, les témoignages, les documents vont lui donner tort et me donner raison. Je lui demande donc d'émettre d'ici une semaine une rétractation complète de ses allégations et d'exprimer ses excuses envers ma famille, sinon j'engagerai une poursuite en diffamation.»

«La ministre a dit des faussetés, elle a mis notre famille sur la place publique sciemment, en espérant des gains politiques et sans égard, sans respect pour notre couple, pour notre famille, pour nos enfants», a ajouté Sandrine Perrot, conjointe de M. Lisée, présente au point de presse.

Mme St-Pierre a réagi en fin d'après-midi par communiqué en soutenant que ses «interrogations légitimes» concernant les déplacements de M. Lisée en France ne faisaient aucune mention de la famille de ce dernier. «S'il a senti, d'une quelconque manière, une atteinte à sa vie privée, ce n'était pas du tout mon intention, a-t-elle déclaré. Sans vouloir lui prêter de mauvaises intentions, le député de Rosemont contribue à alimenter des propos diffamatoires que je n'ai jamais tenus.» Mme St-Pierre a refusé notre demande d'entrevue.

Guerre des chiffres

Au coeur de cette affaire, une guerre des chiffres au sujet de la fréquence des missions et escales de M. Lisée dans l'Hexagone, où il est allé voir sa famille. Mme St-Pierre affirmait qu'il avait effectué 11 missions et escales à Paris. Elle a demandé des vérifications des dépenses et réclamations de M. Lisée.

En matinée, M. Lisée s'est défendu en présentant des documents expliquant ces missions, les dates, les escales et le nombre de jours de «portions privées». M. Lisée a de nouveau soutenu que l'argent des contribuables n'a pas servi à payer des escales en France lors de ses missions à l'étranger.

M. Lisée a affirmé vendredi à La Presse qu'il avait effectué cinq missions à Paris et qu'il se souvenait de deux escales lors de missions au Japon et en Chine. Après avoir consulté ses agendas, il a fourni mardi un document dans lequel on compte cinq escales à Paris lors de missions au Royaume-Uni, en Afrique, en Belgique, en Chine et au Japon. M. Lisée et l'ancienne responsable de ses déplacements à son cabinet avaient affirmé la veille à La Presse que ces escales n'avaient pas entraîné de frais supplémentaires.

Si le chauffeur de la délégation du Québec à Paris le conduisait chez sa conjointe, les services lui ont été facturés et ont été payés de sa poche, a-t-il de nouveau soutenu mardi. La dernière facture lui a été envoyée en juin dernier et a été payée, assure l'ancien ministre. Les preuves seront déposées en cour si l'affaire se termine en procès, a indiqué le député.

M. Lisée avait accusé Mme St-Pierre de tenter de faire diversion avec cette histoire alors que le ministre de l'Éducation Yves Bolduc était dans l'embarras pour avoir accepté une prime de 215 000$ pour prendre en charge des patients, qu'il a laissé tomber 19 mois plus tard.

En entrevue avec La Presse, M. Lisée s'est dit conscient que cet ultimatum d'une semaine et cette menace de poursuite alimenteraient cette histoire, qui continuera d'occuper l'avant-scène. «C'est le risque, mais si on se laisse intimider et qu'on ne dit rien, si personne ne se lève et ne se bat... ça continue», a-t-il déclaré.

M. Lisée a fait savoir en début de soirée qu'il n'était pas satisfait de la déclaration de Mme St-Pierre et que l'ultimatum tenait toujours.